Nul besoin de fioritures dans l'image. Elle frappe. L'écriture brode, l'image martèle. Je brode mon coup de marteau.

A force de m'exprimer avec les mots, aurais-je perdu mon image ? Peut-être voulais-je en avoir le cœur net, ou bien était-ce une envie de passer d'un média à l'autre ? Certains savent lire, certains savent regarder, certains savent écouter. Quelques rares savent sentir, d'autres plus rares encore peuvent ressentir. Les autres se laissent porter. J'ai écrit pour ceux qui savaient lire, composé pour ceux qui savaient écouter, je me suis donné pour ceux qui savaient ressentir. Loin d'avoir la prétention de savoir concocter un parfum à mon image, j'ai tenté l'image. Et puis je savais qu'une personne au moins saurait lire mon image, celle que j'offrirais. Une photo.
Cinquante photos, et cinq seulement de moi. Les autres ne sont que vulgaires copies, ratées et floues, bien que je doive admettre que le flou me sied, il ne me représente pas mieux pour autant. Parmi les cinq, une seule me représentait parfaitement. La voici :

Un homme nu. Debout. De face. L'image est coupée au bassin. La tête se jète en arrière dans un cri. La lumière vient d'en haut. Les cheveux tombent dans le dos. La main gauche se crispe sur le cœur. La main droite se crispe sous la gorge.

Ce n'est qu'un arrêt sur l'image. Ma plume ira sur le papier bien ensuite, et d'autres mots joyeux l'en couvrira. Pour l'instant, arrêt sur l'image, une image qui vit.