Sheitana la cruelle écrase des feuilles sous ses semelles

Son déhanché lascif et désabusé

Le kroll coule le long de ses orifices-yeux

Elle zèbre le ciel d’un éclair mirifique

Sa colère en elle, trop forte

Ecrabouillée par le bruit de la ville

Anéantie par la fatigue

Sheitana s’arrête net

Dépose ses armes sur le bas côté

Et les membres repliés

S’endort lourdement sur les pavés

Autour d’elle la mare est gluante

A peine rafraîchie par le vent

Quelques papiers flottent dessus

Emportés par le courant

Comme des navires abandonnés

Les cils recourbés, ses orifices-yeux

S’ouvrent sur un ciel ténébreux

A peine éclairée par la lumière lunaire

Sheitana observe les cratères de cette Dame blême

Lune, seule toi me trace un chemin à travers le néant

Sheitana se porte difficilement

Sheitana la cruelle est transpercée de mélancolie

Elle ne parle qu’à elle-même dans sa folie

Plus de colère en elle, le sommeil a agi

Mais demain est là qui la forcera à souffrir

Souffrir, souffrir, encore souffrir

Conserve tes armes ma belle

Car il faudra te battre

L’avenir s’annonce morose pour toi

Sheitana somnambula par batoule mahboula