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Par delà le miroir (1ère partie) par w

Par delà le miroir (1ère partie)

 

       Le bois crépitait dans l’âtre de la cheminée et une douce lumière rouge-orangée se distillait dans la salle de vie de ce vieux chalet. Le crépuscule, de son voile opaque, avait envahi la forêt ; seules les ténèbres pouvaient se voir à travers les grandes fenêtres peintes dans des nuances chatoyantes.

       La chasse avait été bonne : une biche et un sanglier ensanglantés trônaient majestueusement sur la grande table et attendaient que les couteaux des chasseurs vinssent trancher leur panse et les éviscérer. Mais avant de réaliser cette tâche, les quatre hommes avaient déposé leur fusil de chasse et se versaient à boire.

       Le comte d’Eustache, dont les épaisses et longues moustaches avaient fait sa réputation, s’était assis sur un banc et tapait sur l’épaule de son voisin, Monsieur Seigner, grand propriétaire terrien et possesseur du chalet, afin de la féliciter pour la réussite de cette chasse prévue depuis des lustres. De l’autre côté de la table, le marquis Des Moirés était en pleine discussion avec Monsieur le rédacteur en chef Latombe dont le journal « ultra » était déposé sur un guéridon non loin de là. Une fine Napoléon fut servie à chaque convive sous le flot des paroles prononcées par chacun. La joie était de rigueur.

       ─ … et c’est ainsi que je vis pour la dernière fois ce fantôme mystérieux, là, au bout du couloir de ce château d’Ecosse, dit le comte d’Eustache. Une bien singulière affaire, vous dirais-je.

       ─ Vous me faîtes bien rire avec vos petites histoires à faire trembler les fillettes, intervint M. Latombe, juste de quoi nous  faire doucettement frémir sous sa couette. Je connais un événement véridique bien plus terrifique qui m’été conté par l’un de mes journalistes qui, aujourd’hui, ne travaille plus pour moi puisqu’il a perdu l’usage de ses yeux.

       ─ Vraiment ? s’étonna le marquis. Eh bien, cher ami, j’ai grande hâte de l’ouïr.

      ─ Nous sommes trois, me semble-t-il, à nous impatienter de l’entendre, surenchérit M. Seigner.

      ─ Soit, je vais vous la raconter. Mais méfiez-vous, vos sourires goguenards pourraient bien se figer de terreur sous peu. Voici donc cette histoire vraie que je relate comme elle m’a été dite, mot pout mot…

       Monsieur Latombe avala une rasade d’alcool, déposa son verre et s’humecta les lèvres sous les yeux brillants des ses amis de chasse tout impatients qu’ils étaient. M. Latombe regarda successivement chacun de ses camarades dans un silence d’église et finit par ouvrir la bouche.

 

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Style : Nouvelle | Par w | Voir tous ses textes | Visite : 304

Coup de cœur : 13 / Technique : 11

Commentaires :

pseudo : Martina

J'adore, la description, Histoire ou le suspens est présent, bravo

pseudo : w

Merci Martina, c'est une petite nouvelle assez inspirée de certains contes de Maupassant.