« Il passa un mouchoir devant ses yeux, poussa un profond soupir et se releva. Epuisé par la charge émotionnelle qu’il venait de supporter, il voulait se rafraichir quelque peu et s’apprêtait à sortir de la chambre, lorsque, brusquement, il vit comme un mouvement sur le visage de sa mère. Il crut à une illusion d’optique, mais posa sa tête sur la poitrine de la défunte afin de s’assurer qu’elle était bien passée à trépas. Son cœur ne battait pas. Elle était roide comme la pierre. Elle était bien décédée.
« Un instant passa encore où il laissa flotter sa tête sur le sein de sa mère. Puis il se dégagea en poussant un autre soupir. L’absence. Le vide. La mort.
« Il approchait son visage de sa mère pour l’embrasser une ultime fois, lorsque, tout à coup, elle releva les paupières et lui exposa ses yeux noirs comme le jais en pleine face. La terreur l’envahit. Elle était morte pourtant ! Empli d’un effroi inimaginable, il regarda ses yeux éteints sur les pupilles desquels se reflétaient son visage de jeune homme, ses cheveux bruns et légèrement bouclés, son front lisse, sa peau rose. Mais le regard de sa mère se fit tourbillon qui l’emporta dans la mort. Les ténèbres les plus noires recouvrirent son univers, une cascade ardente le recouvrit d’un sang immonde, des araignées aux pattes longues et épaisses se répandirent sur ses pieds et lui dévorèrent la peau, une puanteur pestilentielle le submergea dans les limbes de l’Enfer, des milliers d’asticots se mirent à grouiller dans ses entrailles ouvertes et déchiquetées, des rats hirsutes et horribles aux yeux rouges comme la braise lui rongèrent les yeux. Il poussa un cri et tomba par terre.
« Ce fut le valet de pied qui le ranima en lui secouant les épaules. Il rouvrit les yeux et vit que le serviteur le regardait avec terreur. M. Shine se releva, se retourna vers sa mère et remarqua qu’elle avait les yeux clos. Il se dirigea alors vers le grand miroir que lui indiquait nerveusement le laquais avec son doigt. Il s’observa longuement sur la glace avec effarement : son visage avait terriblement vieilli, son front était affreusement ridé, sa peau était devenue livide et ses cheveux raides, mats et complètement blancs. Soudainement, la noirceur envahit la pièce. Il ne vit plus rien. Il venait de perdre la vue. Il ne l’a recouvrit jamais.
« A présent seul et ruiné, il erre dans les rues malfamées de Paris à la recherche de je ne sais quoi, peut-être d’une lueur de vie dans ce monde lugubre. Je l’ai croisé l’autre jour à la sortie d’un théâtre au perron duquel il faisait vainement l’aumône. Ce fut là qu’il me raconta cette histoire… son histoire. »
Un silence de mort pesait dans la salle de vie du chalet. Les quatre comparses ne bougeaient pas d’un cil, comme paralysés par l’atrocité des événements contés à l’instant. Ils regardaient tous les yeux figés de la biche et du sanglier ensanglantés.
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Coup de cœur : 14 / Technique : 12
Commentaires :
pseudo : damona morrigan
Ô tu nous embrases ! Ha! Prends bien soin de toi d'ici septembre reviens nous avec pleins d'histoires à la mode "W", bisous !
pseudo : Martina
Wouaaaa, c'est impressionant j'adore la scène de la desciption du monsieur vers sa mère
pseudo : Mignardise 974
hum hum ! je me suis sentie pâlir et refroidir. morbide ? sinistre ? je ne sais pas comment qualifier cette nouvelle, tout ce que je sais, c'est que ce soir, je ne dors que d'un oeil ! ^^ IMMENSE CDC
pseudo : féfée
Ca fait froid dans le dos ! J'ai adoré cette nouvelle. CDC !
pseudo : w
Merci féfée. Une nouvelle que j'ai écrite d'une traite aujourd'hui.
pseudo : damona morrigan
Désolée de venir aussi tard, je l'ai lu d'une traite comme pour toutes tes nouvelles, je la trouve excellente. J'adore ! Merci mon petit scribe adoré ! CDC
pseudo : lutece
Siniste, je la trouve sinistre mais belle! Bravo à toi de nous transporter dans tes univers étranges! CDC
pseudo : w
Merci à vous deux, damona et lutece. C'est toujours un plaisir de lire vos commentaires. Je vous embrase très fort.
pseudo : damona morrigan
22 août j'ai relu quelques uns de tes textes, j'espère te lire dès la rentrée, gros bisous !
pseudo : w
25 août. Merci ma damona. Tu me reliras dès la reprise de l'ajout de textes. Je n'ai pas écrit grand chose durant ces vacances mais vais me reprendre. !!! :-)
pseudo : damona morrigan
26 août J'ai pas écrit grand chose non plus mais quel plaisir de se retrouver sur MT, gros bisous mon petit scribe !
pseudo : w
27/08 : Je t'embrasse très fort petite Damona et te retrtouverai dans une poignée de jours.
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