Mon silence dit que je l'aime, ma peau dit que je l'aime, mon cœur dit que je l'aime, mes yeux disent que je l'aime. Mes mots pourtant ne disent pas que je l'aime ; ils disent son courage, ils disent la vérité qui habille chacune de ses paroles, ils disent la beauté de sa voix, ils disent aussi son intelligence. Mes mots racontent qu'elle est entrée dans ma vie sans effraction, avec une douceur qui l'étonne encore, qu'elle s'est installée avec ses habitudes, son envie de bouffer le monde et toutes les bonnes choses possibles, mes mots peuvent dire aussi qu'elle s'est trouvée bien chez moi, qu'elle a reconnu un univers de respect, de tolérance, un endroit où faire des efforts pour s'approcher de l'autre est toujours un moment sacré, mes mots disent un quotidien commun où le trouble s'empare de nous quand ils faut parler du corps, mes mots prennent la place des siens quand on peut décrire ce que l'on ressent, mes mots abolissent cette différence entre une femme et un homme, ils rassemblent deux êtres qui se posent d'éternelles questions et trouvent parfois des réponses immédiates, mes mots sont les siens marqués par cette innocence qu'elle nous réserve, pas de toujours, pas de jamais, pas d'hier ou de lendemain, juste un présent, et une allure dans le temps qui passe, quelque chose qui permet de dire qu'on va quelque part.
Peut-on réussir à être soi quand on est deux ? C'est à cette question que je réponds quand je dis « je t'aime ». Mais ce ne sont pas mes mots, ce sont les nôtres