Le soleil s'est couché ce soir et avec lui a disparu ma gaieté, comme si de sa chaleur dépendait mon humeur et que, tout au long de la journée, il n'avait fait que me donner un avertissement me signifiant un bonheur temporaire. Ainsi, ressurgissant après une longue amnésie, il y a cette chose en moi, ce manque, qui me déchire de l'intérieur, qui hurle à travers mon corps et mon esprit afin de se rappeler à moi un peu plus à chaque seconde.
Sur un air de musique, un peu mélancolique je l'avoue, je m'allonge sur mon lit et mes yeux repassent devant eux et sans répit ces images qui ont fait notre bonheur, nos joies et nos tristesses mais qui, malgré tout, nous ont façonné à leur façon. Mes pupilles voient revivre devant elles des moments que je croyais perdus à jamais: un rayon de soleil dans un champ de colza un soir d'été, ma main caressant légèrement les brins de blé quand j'étais enfant, la joie de courir pour se jeter dans les bras d'un être cher après une longue attente. Je sens, bien sûr avec ces images, chaque odeur qu'elles ont pu contenir et ce qu'elles avaient de magique pour mon jeune âge. Ma vie défile alors devant mes yeux. Péniblement. Comme si me rappeler me coûtait un effort surhumain. Car il n'est pas facile de se remémorer les choses que l'on a perdue; cela nous fait mal et nous aimerions souvent pouvoir les attraper en tendant simplement la main devant nos yeux, ou les éloigner en soufflant doucement sur ces instants et en faire ainsi une feuille légère qui se décroche d'un arbre et ne fait que croiser notre chemin. Retrouver mon enfance, voilà ce que je souhaiterais. Qu’est-ce que ça veut dire « grandir », d’ailleurs? Qui peut dire: « Moi, j’ai trouvé la réponse? » Avec nos petits « moi » et nos grands egos, qui sommes-nous donc pour nous déclarer adultes quand nous le jugeons bon? A chaque enfant qui si dissimule en chacun de nous, et pour l’enfant que nous avons tous un jour été et que nous continuons parfois d‘être, je demande à ce que la part d’innocence que nous possédions et nos petits secrets si bien enfouis au fond d’une cabane dans un bois, ou d’un journal intime, ne disparaissent jamais de notre mémoire. Car c’est là ce que nous conservons de plus précieux et où réside ce que nous sommes réellement.
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Style : Réflexion | Par Zarathoustra | Voir tous ses textes | Visite : 777
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Commentaires :
pseudo : pap0ti
En ce qui me concerne, je suis persuadée de la garder, cette part de gaminerie :) J'avoue que ça me fait bizarre de grandir aussi, mais à la fois j'ai tellement hâte d'être une jeune adulte!
pseudo : Soufian Alsabbagh
Très joli ! Nostalgique à 20 ans... C'est fort !
pseudo : charlie-jane lorden
oui, qui sommes nous donc pour prétendre, un jour, connaitre tout de la vie? vrai, on ne change pas, on croit simplement toujours savoir alors qu'en fait, on ne sait jamais rien. c'est très beau et surtout, très réaliste .
pseudo : Zarathoustra
Merci! =D
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