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Mariée éplorée... par Alya

Mariée éplorée...

Le temps était de ceux qu'on déteste. D'un triste gris, il ne déversait pourtant pas ses larmes mais refusait de laisser transpercer le moindre rayon de soleil. Une jeune femme, assise à l'entrée d'une église, regardait d'un œil morose les cieux. Elle était vêtue d'une ample robe d'un blanc si éclatant qu'elle semblait venue d'un autre monde à côté de ce paysage si sinistre. Qui n'aurait pas vu son visage aurait cru être témoin d'une apparition. Un ange venu d'ailleurs. Mais a-t-on déjà vu un ange avoir cette expression ? Est-il possible qu'un ange se pose autant de questions ? Et surtout, un ange a-t-il seulement un jour eut l'idée de verser ne serait-ce qu'une seule larme ?
Or, elles n'étaient pas au nombre d'une sur les joues de la jeune femme. Plus le temps passait et plus elles se déversaient sur le doux visage de l'éplorée. A sa vue, nombre des passants pensèrent à une déception amoureuse.

"Il la trompait ? Quelle chose affreuse..."
"Il l'a laissé seule sur l'autel, la pauvre !"
"Crois-tu qu'il lui ait dit non ? C'est bien malheureux."


C'était affligeant, désolant. Elle aurait sûrement préféré que leurs explications soient les bonnes. C'était tellement futile et insignifiant. Non...ce qui lui arrivait était pire que tout.  Au point que tout s'était effacé autour d'elle, elle avait à peine remarqué les bras des proches qui l'enlaçait tous avec cette expression ignoble et révoltante qu'est la pitié. Peu à peu, l'église s'était vidée. Elle avait exigé qu'on la laissât seule. Elle avait failli l'hurler mais s'était retenu comprenant qu'ils s'inquièteraient et ne partiraient pas.

Et désormais, elle était là. Encore vêtue de sa robe de mariage, les yeux levés vers les cieux. Elle attendait. Quoi ? Tellement de choses qu'elle n'était même pas sûre de tout savoir elle-même.

Elle voulait qu'il pleuve, elle voulait sentir le froid l'envahir, l'eau rejoindre ses larmes afin qu'elle la lave de sa tristesse. Elle voulait qu'il revienne. Elle voulait remonter le temps. Elle voulait une explication afin de comprendre. Elle désirait des réponses à ses innombrables questions.

Pourquoi le destin avait-il décidé que le mariage n'aurait pas lieu ? Pourquoi était-elle incapable de bouger ? Pourquoi sentait-elle son âme s'échapper peu à peu ? Son cœur se déchirer ? Et pourquoi personne n'était là pour lui répondre ? Où était l'homme qu'elle aurait dû épouser ? Et chérir toute sa vie ?
Il fallait qu'elle reste à ses côtés. Elle en avait besoin. Pourquoi n'était-il jamais paru entre les parois froides de l'église, la regardant de ses yeux gris pénétrants ? Ceux dont on lisait l'amour et la passion dés qu'ils apercevaient son aimée ? Que n'aurait-elle donnée pour voir apparaître son sourire malicieux et tellement attendrissant ? Que n'aurait-elle fait pour le voir avancer de son pas dynamique et sûr de lui ? Elle aurait donné sa vie pour qu'il l'enlace de ses bras fors et pourtant d'une douceur incomparable.

Effondrée, elle tomba à genoux et laissa son corps se secouer de terribles sanglots. Lasse, épuisée, elle autorisa son corps à se laisser aller à l'abandon. Couchée sur le sol, elle se recroquevilla. Son esprit était recouvert d'une épaisse brume blanche. Il était si facile de laisser la douleur la transpercer et, elle l'espérait, l'anéantir.
Elle entendait encore et encore cette voix chargée de pitié et de peine :

"Je dois vous dire quelque chose. Ce n'est pas facile..."


Quand elle repensa à son sourire confiant, le cœur de la jeune femme s'emplit d'amertume. Elle avait été tellement prise par son bonheur du moment qu'il avait été difficile de lui annoncer. Et toujours et encore cette voix qui ne cessait de retentir dans sa tête, tel un écho.

" Toutes mes condoléances. Vraiment."

Elle n'avait pu s'empêcher de crier. Un cri de douleur profonde. Un cri qui toucha le cœur de chaque personne de l'assistance. Un cri qu'elle n'avait jamais poussé mais qui ce jour-là avait retentit avec une force incroyable. Il s'était répercuté entre les murs de la bâtisse. L'écho s'était chargé de le prolonger et d'ainsi propager la souffrance dans l'âme de tous. Jamais on avait connu mariage plus sinistre. Quoi de pire que d'embrasser la mort, de lui passer la bague au doigt et de s'en sentir marqué à jamais ?
Elle était veuve.
Veuve à son mariage.
Veuve avant d'être une mariée.

"La vie est cruelle mais juste"
dit-on. Mais où était la justice dans tout cela ? Alors, elle avait mérité de perdre une partie d'elle-même ? Elle était censée continuer à vivre. Comment ?  C'était tout bonnement impossible. Pris dans un tourbillon, ses pensées s'entremêlaient et ne donnaient aucune solution.

Au comble du désespoir et de la souffrance, elle sentit une goutte de pluie tomber directement sur sa joue et ainsi rejoindre ses larmes. Un faible sourire étira ses lèvres et elle s'abandonna à sa peine.

Entre sommeil et éveil, mort et vie, enfer et paradis,
Elle se laissa tomber dans les méandres de son esprit détruit
Mais qui représentait son unique et dernier abris.

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Style : autre | Par Alya | Voir tous ses textes | Visite : 526

Coup de cœur : 13 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : Mignardise 974

Chaleur irradiante / D'un amour cher mais perdu / Réconfort unique. tout est excellement bien exprimé. Le verbe exquis me touche au plus profond de mon être. Coup De Coeur !!!

pseudo : Allover

Bravo pour ce texte. J'aime beaucoup. Merci de nous permettre de le lire.