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Et pourtant le clic m’assourdit. Je portais en moi cette tristesse que les plus grands de ce monde ont, leur jour d’anniversaire. Cette mélancolie, plus que diffamatoire pour mon esprit, me procurait l’envie de voler ; de ne plus être enchainé sur cette terre. Tu n’étais plus là, à quoi bon vivre ?
Mais au moment où cette balle pesante et impassible vint se loger dans mon cortex préfrontal, les regrets firent de moi leur esclave… Je me croyais libre de faire ce que je voulais. Mais il n’en était rien, car, sur le tapis émeraude de ta chambre, gisait ma flaque de sang, mêlée au tien qui était, dès lors, caillé. Je contemplais de loin mon cadavre, encore chaud… J’espérais, tant bien que mal le toucher, du haut de ce monde blanc et pourtant si noir… Mais il était lié, de par une force indéfinissable à ton corps. Je pensais te rejoindre, dans l’immensité de ma vue. Mais tu n’étais point là, je te cherchais longuement, longtemps, mais j’étais seul… Tout seul.
Quelques instants après mon suicide, mon frère entra dans la pièce. Je l’avais oublié ; il allait arriver d’une minute à l’autre. Lorsqu’il nous aperçut, toi et moi, gisant sur le lit, à travers les flots de sang, il hurla. En une fraction de seconde, il prit son téléphone portable et appela les secours. Le spectre de sa voix était pareil aux battements de son cœur : irrégulière et rapide. L’ambulance arriva bien vite, mais, pendant la courte attente qui fut la plus longue de sa vie, mon frère m’adressa ces paroles : « Qu’as-tu fait ? Que s’est-il passé ? Qu’a-t-il eu pour que vous en arriviez à ce point ? Je t’aimais ; maman t’aimait… Pourquoi ? » Je voulus tellement lui répondre, mais les liens que j’avais autrefois pour parler furent rompus lorsque mon âme quitta mon enveloppe. Les courants électriques, générés au sein des nerfs entre les ions de sodium et de chlore, n’existaient plus. Je souhaitais également crier, mais le même scénario se produisit. J’étais sur le point de pleurer, mais les larmes n’existaient autant plus… Mes visions étaient des impressions ; je ne vivais plus !!! Les yeux de mon frère, quant à eux, furent très vite remplis de liquide lacrymal. Les larmes coulèrent d’elles-mêmes continuellement… Mais je me dis à moi-même que lui, au moins, il n’a pas risqué de se retrouver seul, à la mort, pour la seule et unique raison qui était de venir me retrouver… Son souffle s’accéléra ; on l’avait touché là où cela faisait le plus mal : le cœur…
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Style : Poème | Par Altaïr | Voir tous ses textes | Visite : 545
Coup de cœur : 13 / Technique : 10
Commentaires :
pseudo : damona morrigan
Suis touchée aussi. C'est dans ses moments là qu'on se rend compte de l'importance des personnes qui nous entourent et que l'on voit le monde avec les yeux du coeur. Pour certain c'est la seule et unique fois. CDC
pseudo : fightwriter
Enorme CDC !!! Cette histoire, si 'belle', si bien exprimmée de ta plume, si sentimental ! Encore un BIG CDC de FightWriter !
pseudo : Mignardise 974
voilà exactement pour ces raisons qu'on décide de ne pas passer à l'acte ! immense CDC
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