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A Quentin et Pascale par lutece

A Quentin et Pascale

Cette journée, je m’en rappelle comme si c’était hier. Il faisait chaud comme aujourd’hui. Ca fait quelques jours déjà que j’ai un mauvais pressentiment. Non, je n’allais pas revivre la même chose que l’année dernière, c’était pas possible. Les médecins se voulaient rassurants. J’t’ai jamais dis comment ils m’appelaient ? La star du centre de transfusion sanguine. Débile, hein ? Tu parles d’une star, un cobaye ouais ! Toutes les semaines depuis quatre mois je vais là-bas me faire transpercer les veines, ces prises de sang qu’un labo normal ne peut pas faire. Oui, bon c’est vrai que j’ai jamais rien fait comme tout le monde. N’empêche, quelqu’un qui ne me connait pas doit me prendre pour une junkie avec mes bras presque noirs . J’en ais marre, mais bon, ils disent que c’est nécessaire et je suis docile, je veux y croire. Nécessaire aussi cette aiguille qui m’a transpercé le ventre pour me dire que tout allait bien . Marre aussi de cette infirmière qui vient m’enfoncer son aiguille dans le ventre depuis des mois, deux fois par jour. Bleu aussi le ventre. Ils parlent dans leur jargon de facteurs de coagulation, de dimères, de protocole, j’y ai jamais rien compris.


Je me réveille, merde mon lit est trempé. Non, ca peut pas recommencer comme il y a un an. Tu vas pas me faire le même coup que Quentin, me laisser en plan ?
Je sais pas comment mais me voilà aux urgences. Oh il me connaissent bien là-bas, j’y ai passé deux mois l’année dernière avec ton frère. Deux longs mois sans me lever. La star, tu parles d’une star ! Elle est plutôt terne l’étoile, elle crève de trouille. Et j’y connais peut être pas grand chose mais je sais compter, sept mois c’est un peu juste. Et merde, voilà que je pisse le sang. Bon ils s’affolent, j’ai pas le temps de dire ouf que je suis déjà dans les vapes. Césarienne. Je me réveille longtemps après, je sais plus. Ils me disent juste que tu es en réa et que je leur ai foutu la trouille, mon cœur s’est arrêté un instant. Je pense en moi qu’il aurait peut être mieux valu qu’il ne redémarre pas, je sais que ça va mal se passer. Je crois qu’il y a des choses comme ça qu’on sent.
Il y a un an déjà je savais, j’ai vu la tête du médecin, le crâne de ton frère et je savais.
Voilà, ca fait dix huit ans aujourd’hui, pourtant mon amie m’a dit que vous étiez bien et je la crois. J’avais promis de ne plus pleurer, désolée, cette promesse-là je ne peux pas la tenir, je me retrouve une fois de plus le cœur déchiré devant cette tombe. Il y a dix huit ans que je suis morte quelque part et mon cœur battra toujours au ralenti.

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Style : Pensée | Par lutece | Voir tous ses textes | Visite : 635

Coup de cœur : 16 / Technique : 10

Commentaires :

pseudo : damona morrigan

Ô mon amie, enfin ! C'est le texte le plus profond, le plus sincère et surtout le plus beau que tu nous as offert jusqu'à présent. Comme je t'aime ! Sublîme CDC

pseudo : féfée

Je ne sais que dire, tant je suis touchée... Grand CDC

pseudo : lutece

Merci Damona, mais sans toi je n'aurais sans doute jamais réussi à en parler ici// Féfée, merci, du fond du coeur merci!

pseudo : eglantine

Une pensée si émouvante. Un immense CDC.

pseudo : malone

pareil, j'ai pas les mots... tendres baizers sur sur chaque parcelle de ce petit corps malade... courage mon amie...

pseudo : lutece

Merci Eglantine de ton passage et tes mots doux// Merci ami Malone, ton com me touche et me fais un bien fou, un baume sur mon coeur!