Ma petite chatte est revenue, toute ébouriffée, un peu abîmée dans son cœur aussi. On ne m'a pas regardée comme tu sais le faire, miaulait-elle, on voulait me garder, j'ai dû me défendre. Ses griffes ont à peine suffi à faire lâcher l'importun, à peine à le marquer, pas à le défigurer. En gros matou un peu balourd, j'essayais vainement d'expliquer pourquoi les vilains se conduisent ainsi, peut-être s'en approchait-elle de trop près, trop souvent, l'habitude de ces rustres l'empêchait de voir qu'au-delà de leur territoire s'étendaient des contrées moins florissantes mais plus prospères, moins colorées mais plus chatoyantes, moins ensoleillées mais plus douces.
Elle m'avait gardé un coup de griffe : je ne veux pas de ta mortauxratsle, j'ai besoin de ton poil soyeux, le reste je m'en occupe. Alors j'ai ouvert mes pelotes satinées, j'ai rentré ce qui me reste de griffe pour être sûr de ne plus jamais la blesser et je me suis laissé aller contre ses flancs. Nous miaulions doucement pour ne pas nous effrayer, nous nous tenions chaud, puis, de concert nous nous sommes mis à ronronner, chacun de notre côté. C'est à ce moment-là que nous nous sommes rendu-compte que nous n'étions pas des animaux