Je suis juste une bombe à retardement, coincée entre tes lèvres saignantes d'amertume. Cette pilule que tu tentes d'avaler et qui te donne la nausée. Pourquoi devoir me supporter ? J'attends ta prière, un seul geste pour que tout s'arrête, que la souffrance demeure dans tes veines jusqu'au fond fin fond d'un enfer glacé. D'un hiver éternel. Le temps court, le temps se presse. Et nous restons là, deux âmes perdues qui attendent le retour à la réalité. Comme un chien qui attend sa correction. Comme un gosse qui attend la fessé, l'adolescent qui avale les leçons de morales par centilitre sans soif ni remords. Elle arrive près de nos visages ridés de peur, un souffle court s'échappe de ta voix tremblante, mais je sers le poing pour ne pas tenir ta main. Tu m'avales et me recraches pour finir par t'endormir aux pieds de ma honte. Les lumières des sirènes cognent contre ma fenêtre, elle est là, elle t'appelle. La vie. Et je te vois, vulnérable petite fille. Endormie. Comme dans les anciens contes de fées.

Lorsque tu fermes les yeux un arc-en-ciel te vole l'apparence. Mais il est gris. Aussi gris que ta tristesse. Aussi triste que la couleur du béton humide.

Comme ton cœur, j'ai explosée.