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A., toi ! par ifrit

A., toi !

Après toutes ces années passées ensemble, tous nos mots silencieux, toutes nos passions partagées toujours de bon gré, toutes nos histoires de truands, et celles à l'eau de rose, tous ces coups durs et toutes ces épreuves malgré nous, je te vois faiblir.

Je te vois faiblir comme un feu qui s'éteint, et ne laisse que des braises mouillées au milieu de la clairière. Mais non, ton feu à toi, il se fait dans les recoins sombres de la forêt italienne, quand le mien crame les toits de Paris. Et pourtant c'est le même.

A., toi ! Rien ne t'est inconnu, tu as toujours su mon feu et mes flammes. Chacun de mes soupirs, chacun de mes sourires s'est inscrit en toi à la plume de notre sang spirituel, et combien en avons-nous versé pour qu'elle puisse écrire, cette plume ! Jamais ce sang n'a su éteindre notre feu.
A., toi ! Je sais tout, tout de toi ! Jusque dans tes moindres peines, et tout ton amour se déversant en moi silencieusement. Je le sens, je sens ce brasier que nous formons, nos vies et nos envies s'y mêlent. Mais je te sens faiblir. Tu ne peux pas me mentir, tu le sais, je le sais, alors dis-moi !

Dis-moi le mal qu'ils t'ont fait ! Dis-moi ! Ce n'est pas moi, je vais bien, regarde, regarde-moi, tu le sais pourtant que je vais bien... Tous, ils sont tous partis, les médisants, les menteurs, les malotrus, les méchants et les mauvais. Misérables mollusques, minuscules et misérables mollusques ! Comme je les hais de douter de toi ! Je les hais ! Mais je vais bien, regarde, je vais bien.

Juste cette haine, qui courait dans mon cœur, et tandis que j'écrivais le sommeil me quittait, je mourais un peu plus. Les ultimes lettres approchent, nous leur devrons tu crois ? Je n'espère pas, que voilà une mort inutile ! Leur bêtise cachera la vérité à leurs yeux, mais notre honneur ne saurait se trouver souillé par la vermine. Nous savons, et d'autres savent encore, toujours, la valeur de chacun.

Elle est partie, tu sais, cette haine. Elle ne vit qu'en eux, que dans leur nom, que dans leur voix. Tu ne les entendras plus jamais, jamais. Oh ! Je suis si triste, tu sais, je suis si triste de te savoir ainsi, larmoyante dans ton lit, et cet homme qui t'aime, qui ne comprend pas, et tu ne peux pas lui dire, pas encore, tu ne peux pas lui dire ce qui nous unit. Il te prendrait pour folle, ou pire, infidèle !

A., toi ! Je t'en prie, sèche tes joues, ne mouille plus de larmes tes draps ! Tout revient, tu vois, tout revient. Le feu, ta voix, cette flamme si douce, si chère à mon cœur, tu sais. Je veux qu'elle soit papillon, et voir ses ailes battre contre le vent, attiser tes braises. Et jamais, non plus jamais, tu ne pleureras. Ou je pleurerai encore.

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Style : Pensée | Par ifrit | Voir tous ses textes | Visite : 549

Coup de cœur : 9 / Technique : 10

Commentaires :

pseudo : PHIL

un flot d'émotions , et je trouve que cette pensée est empreinte d'une belle délicatesse.Superbe de bout en bout CDC

pseudo : damona morrigan

Par deux fois le papillon a volé à travers des souvenirs réels dans une histoire vraie au beau milieu d'un conte, ta cendre avec ce qui lui reste de flamme se raconte. Ton texte m'a touchée profondément. Merci.