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Le Coeur de Rubis (dernière partie) par w

Le Coeur de Rubis (dernière partie)

       Le dragon qui s’était arrêté devant cette apparition magique, reprit mouvement et se rapprocha dangereusement du chevalier. Ce dernier, à présent revigoré, se releva d’un coup, et pointa son épée sur son ennemi. Celui-ci tenta de le lacérer avec ses ongles aiguisés, le chevalier para le coup grâce à son bouclier. Désarçonné, le dragon s’arrêta soudain, interloqué par la résistance et la vaillance de son adversaire. Il prit alors une grande inspiration et, en un éclair, cracha un jet de flammes. Le feu lécha l’armure étincelante sans le moindre mal. Abasourdi, le dragon recula de plusieurs pas, mais il était trop tard car le chevalier fonçait déjà sur lui en brandissant son épée. Il le perça sur le flanc, lui coupa les ailes, puis lui donna le coup de grâce en lui plantant sa lame entre les deux yeux. L’animal diabolique s’écroula dans une plainte aigue et s’étala dans une mare de sang. Le chevalier donna un coup de pied sur le corps sans vie de l’animal qui se tourna sur le dos, puis lui trancha la poitrine. Il lâcha alors son épée, se mit à genoux et fouailla dans la cavité thoracique. Au bout d’une trentaine de secondes, enfin, il parvint à trouver ce qu’il cherchait. Il retira sa main des entrailles du dragon et, dans sa main ensanglantée, il souleva un cœur rouge fait du rubis le plus rare. Il se releva, plaça son épée dans le fourreau, remit son bouclier dans le dos, alla chercher sa torche qu’il ralluma dans les braises, puis se dirigea vers la sortie de la salle hypostyle. Alors qu’il passait à côté du gros rocher, la voix de la vieille femme retentit à nouveau… c’était la voix de la sorcière.

       « Ainsi, petit effronté, tu crois qu’en ayant vaincu mon fidèle serviteur, tu pourras t’échapper avec le trophée de ma victoire ? Détrompe-toi ! Je ne te laisserai pas sortir vivant de cette grotte ! »

       Elle eut à peine prononcé ces mots qu’un tremblement de terre secoua toute la grotte. Le jeune homme se mit à courir en suivant toujours les murs de gauche afin d’atteindre l’entrée de la grotte de plus vite possible. Des amas de roches tombaient de la voûte mais ils n’avaient aucun effet sur lui puisqu’il était protégé par son heaume et son armure. Il continua sa course endiablée. Au bout d’un moment le tremblement de terre s’arrêta. Ce ne fut cependant qu’une courte période de répit puisque, bientôt, des éclairs à la puissance terrifiante, venus d’on en sait où, s’écrasèrent à foison sur le sol. Il parvint à les éviter tous en louvoyant dans le dédale. Une faible lueur apparut alors au loin : c’était la délivrance qui s’approchait. La sortie. Le chevalier pressa le pas, alors que les éclairs avaient arrêté de zébrer la cavité rocheuse. Tandis que la lumière se faisait grandissante, un vacarme puissant provint du fond de la grotte. Il ne fallut qu’un instant pour que le jeune homme comprît qu’un événement majeur était en train de se dérouler. Quelques secondes plus tard, une chaleur implacable envahit l’espace et, derrière lui, il vit une langue ardente se dérouler et aller à sa rencontre. C’était de la lave en fusion. Il courut encore plus vite. La lave s’approchait. Il battit des records de vitesse. La lave était à quelques centimètres de ses talons. Il plongea dans l’ouverture lumineuse et… tomba dans de l’herbe tendre et humide. Le flux rougeoyant cessa comme par enchantement et le cri de rage émis par la sorcière se répandit dans toute la vallée du désespoir.

       Il se releva tant bien que mal, le souffle court, les genoux flageolant, le cœur battant la chamade. Il regarda vers l’entrée de la grotte où la sorcière apparut brusquement. Son visage était crispé, ses doigts tordus, son dos voûté, tout d’elle empestait la résignation courroucée. Le chevalier tendit son bras vers elle et, d’un geste narguant, lui présenta le cœur de rubis dans la paume de sa main. Il la défiait, mais elle n’avança point d’un pas. Tout à coup, un éclat chatoyant emplit le ciel et, dans un halo d’or et d’ivoire, la fée du royaume se matérialisa.

       « Le combat est terminé, preux chevalier. Le dragon a été terrassé et, sans lui, la sorcière ne peut plus sortir de la grotte. Tu viens de remporter la victoire. Va, cours, vole et traverse l’étendue du pays à toute vitesse. Dans moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ta quête sera achevée. Pour terminer, noble humain, sache que dans l’insondable invisibilité, je serai toujours là pour veiller sur toi. Adieu, homme brave et sans reproches. »

       Elle disparut en un éclat. Le chevalier jeta un dernier regard sur la sorcière puis fit volte-face et s’en alla rejoindre son fidèle destrier qui l’avait attendu patiemment, la longe attachée au tronc d’un arbre centenaire. Il se hissa sur l’animal et passa du pas au trot, puis du trot au galop.

 

       Il traversa les marais où s’exhalaient les senteurs les plus poétiques, les forêts denses où il ne fit aucun mauvaise rencontre, les montagnes élevées où les edelweiss saluaient son passage, les plaines pleines de champs de blé qui passaient de la couleur de la paille à celle de l’or quand la brise les caressait, les prairies aux herbes vivifiantes qui se courbaient sous les sabots du cheval blanc. Il arriva bientôt en vue du château-fort dans lequel il pénétra en trombe.

       Il descendit de cheval alors que celui-ci n’avait pas encore finit sa course, se rua dans les grands escaliers, traversa la salle péristyle et ouvrit la porte afin de pénétrer dans le temple. Il vola plus qu’il ne courut vers la statue et, à ses pieds, il se mit à genoux en présentant le cœur de rubis lové dans le creux de ses mains. Il se fit un grand silence. Le cœur se mit soudain à vibrer. Il décolla des mains du chevalier et flotta jusqu’à la poitrine de la statue où, lentement, comme par enchantement, il s’enfonça dans la pierre. Le temps se fit long. Brusquement, la statue vacilla. De la croisée une lumière drue pénétra dans le temple et vint éclairer vivement la statue. Une gaze ardente se déposa sur la forme de pierre et… il y eut un mouvement. Ce fut le bras qui bougea. Puis l’autre. Puis les jambes. Puis tout le corps. Ses yeux marron pétillèrent. Elle arbora un large sourire. Elle dit : « je t’aime. »

 

       Il était une fois, dans un royaume à la faune amicale et à la flore luxuriante, un palais gigantesque aux jardins chamarrés de fleurs éternelles. Dans ce jardin verdoyant, un chevalier et sa princesse étaient enlacés sous un châtaignier à travers le feuillage duquel était filtré les doux rayons du soleil. Sous le regard d’une fée aimante, ils s’allongèrent sur l’herbe et s’embrassèrent. Leurs deux cœurs battaient au même rythme. Le battement délicat de l’amour…

FIN

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Coup de cœur : 12 / Technique : 13

Commentaires :

pseudo : féfée

Merci pour ce récit haletant et magnifique, qui m'a transportée jusqu'à une fin sublime ! CDC

pseudo : PHIL

Splendide, te lire me redonne une âme d'enfant. CDC

pseudo : lutece

Magique. Prince fée et dragon tout ce que j'aime! Merci de ce petit voyage sur la palnète "W"

pseudo : AlOranne

Un magnifique texte signé " W" , magique, sublime. J'aime ton univers.

pseudo : damona morrigan

Ô mon petite philippe j'ai adoré ! merci beaucoup à toi. CDC. Et demain, cadeau for you !!!

pseudo : w

Merci à vous cinq pour vos gentils commentaires. Je suis retombé en enfance en écrivant ce conte de fée. Je vous embrasse tous.