Il était une fois … Non, ceci n’est pas un conte.  Le merveilleux n’y a pas sa place, ni même le fantastique ancré dans une nouvelle. Alors qu’attendre de l’écriture que je me permets de consigner sur la page ? Je n’en ai strictement aucune idée. La volonté implacable qu’il me  faut exprimer l’inexprimable se fait pressant comme le temps qui vous botte le train.

 Je suis perdue … Pas simplement rêveuse ou égarée dans une forêt obscure en voulant me balader lors d’une excursion en montagne : ici et ailleurs,  j’erre … indéterminée.

Qui suis- je ? Il m’est impossible de me décrire. Tel Narcisse, je n’ai cesse de chercher  mon reflet. Mon « être » ne produit plus cette douce lumière qui émane de votre peau. Vos yeux ne se fixent plus sur « moi ». Ma main translucide frôle votre corps matériel comparé au mien ; seulement jamais vous ne sentez mon contact vaporisé. Je suis inexistante ou pour utiliser le terme exact,  « morte ».

Un son aussi infime, aussi faible soit-il ne sort de ma bouche. Privée de communication avec ceux que je vois, une détresse incommensurable me ronge de l’intérieur et s’empare de moi en maîtresse. Totalement muette, j’ai tenté à maintes reprises de toucher quelque chose, quelqu’un, un être vivant – véritablement vivant.

Mais, rien. Rien du tout. Vous ne pouvez pas comprendre le désarroi profond, le gouffre de souffrances qui s’est ouvert en moi.

Bien sûr, les plus croyants d’entre vous me conseilleraient d’entrer en paix avec mon âme et de suivre la « lumière » ou la « voix divine » pour soulager mes maux.

Ingénus,  votre satanée « lumière » n’est jamais née et elle est aussi absurde que vos histoires de personnes ayant des dons surnaturels et pouvant communiquer avec les morts !

                                                                  ***

Tout à fait indolore, inaudible et invisible, je traine non plus ma condition « humaine » mais celle de morte. Mes yeux sans cesse ouverts suivent les va-et-vient incessants de la société. Elle se presse au bureau, à la maison, partout !  

Stop! Stop! Stop! Bon sang, arrêtez-vous ! Respirez à pleins poumons l’air généreux des arbres. Parents pressés qui ont le courage de se lever chaque matin très tôt  pour travailler et subvenir aux besoins de vos enfants, vous oubliez que l’argent ne remplacera en aucun cas vos petites attentions verbales envers eux.

Emmitouflés dans votre déprime, braves gens, je vous supplie de regarder autour de vous, inspirez l’amour et l’amitié. Explorez les terrains abandonnés de votre cœur et les occasions auxquelles vous vous êtes jusqu’ici refusés. Prenez les trains pour ces destinations inconnues. Apprenez à vaincre vos angoisses les plus profondes qui subsistent en vous. Cela vous semble trop irréel ? Est-ce aussi irréel qu’une morte qui vous parle ?

N’hésitez pas et faites VOTRE vie à VOTRE image !

Les regrets me dévorent petit à petit. Bientôt, je ne serais plus que malheur infini. Je vous offre le précieux joyau de chaleur et d’amour : la Vie, qu’elle vous inonde de joie !

Je sens brutalement mes yeux se fermer. Lutter ne me semble plus possible. Lentement, je me laisse dériver vers un je-ne-sais-quoi …  apaisée pour la première fois. Vous croyez que je retrouverais le Paradis ou l’Enfer ? Qu'importe ! Parfaitement sereine, je vous dis adieu.

 - Rêve ou utopie ? Il convient de distinguer le possible de l’impossible, d’apprendre à retourner notre situation du subi au contrôlé.

Mignardise