Lorsque j’ai pénétré dans le triste couloir de ton humble demeure, j’y ai flairé une odeur que seuls les marécages de la mort avaient en ses lieux. Je grimpais les escaliers quatre à quatre et je gagnai bien vite le premier étage où siégeait ta chambre. Je me tenais un instant devant la porte entrebâillée ; la mort elle-même n’avait pas voulu se la réapproprier. Je pensais à tes humeurs, ô combiens belles et ô combiens fortes. La vie confisqua maintes et maintes fois la vie de ceux qu’il ne la voulait plus. Moi, dans mon fort intérieur, je savais que tu ne voulais plus avoir affaire à la vie, que tu ne voulais plus entrer dans la danse, que tu ne voulais plus, simplement, vivre. C’est alors que d’un geste de la jambe droite, je pénétrai dans la chambre… J’ouvrai mes yeux dans un élan de tristesse et te vis, couchée, sereine, sur le lit… Je compris bien vite que les odeurs ne s’insinuaient plus dans ton nez, que les couleurs et la lumière n’activaient plus les bâtonnets de tes yeux. Je sus bien vite que tu avais exhalé ton dernier soupir, quelques minutes auparavant. Même si ton corps résidait toujours, étendu sur le lit. Je m’écroulai sur le tapis d’une fraction de seconde. À même le sol, les flots de sang ruisselaient sur la moquette. Je me levai, à l’aide d’une flamme de courage et je m’approchai de toi. Dans ta main froide était entreposé un révolver ; la balle de calibre 47 t’avait confisqué la vie, sans que tu ne puisses avoir aucun regret de ton acte. Je me tenais là, à tes côtés ; je tentai de te réanimer ; en vain. Tu avais déjà rejoint le pays des galaxies et des nébuleuses. Mon cœur lui, les avait aussi regagné depuis longtemps avec toi ; mais désormais, ton esprit a suivi et le mien est resté. Mon cœur et mon âme ont repris les rênes, tu es désormais seule parmi les trous noirs…
Lorsque je sentis ta peau si douce, que je touchai avec mes mains tremblantes, j’eus envie encore une fois de pouvoir la sentir frémir… Mais il était trop tard, tu étais loin à ce moment… Je passai ma main dans tes cheveux, à nouveau. Tu étais si belle, si radieuse…
En l’espace d’une seconde, une idée, comme la balle de ton révolver, me passa par la tête. J’allais te rejoindre aussi ; quelle que soit la distance à parcourir. J’ouvris ta main, froide et sèche, et je saisis le révolver. À croire que tu t’en doutais et que tu voulais cela ; une unique balle était encore logée dans le chargeur. Je me munis de toute la force que j’avais encore pour élever le chargeur contre ma tempe perlée de sueur. Je pris ma main droite, la mis dans la tienne et la serra fort. De l’autre main, je pressai sur la gâchette. J’entendis un clic et puis…
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Style : Nouvelle | Par altair | Voir tous ses textes | Visite : 462
Coup de cœur : 10 / Technique : 10
Commentaires :
pseudo : damona morrigan
Il était toujours vivant, elle n'aurait jamais permis cela, dans le revolver il n'y avait qu'une seule balle... Voilà la suite que je trouve juste, quand on aime ainsi, on aime par delà mort. Immense CDC pour ce magnifique texte.
pseudo : Mignardise 974
j'aime l'écriture mais n'approuve pas le propos. CDC
pseudo : féfée
Très romantique ! CDC
pseudo : Altaïr
Les trois petits points de suspension ainsi que la phrase non-finie étaient censés faire allusion à une fin de texte proche. Je ne me suis visiblement pas bien exprimé... Merci pour vos commentaires. :)
pseudo : damona morrigan
Pardon. Excuse-moi, mais j'étais tellement prise dans ton texte que je me suis sentie obliger de le finir, bien. J'en aurai pas dormi de la nuit. On ne sait jamais à quel degré interpréter les textes, STP la prochaine fois indique en accro qu'il y aura une suite. Encore toutes mes excuses.
pseudo : Altaïr
Eh bien, disons que c'est de ma faute ;) La prochaine fois, je mettrai un petit "à suivre" en bas de page. Tu n'as donc aucune raison de t'excuser. En espérant que la fin te plaise, bien à toi Damona Morrigan.
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