Bruit. Agitation. Solitude. Stop. Arrêt. Questions. Réponses ?

Elle est là, sur le pas de la porte. Assise en tailleur, elle observe tourner le monde. Tout bascule, tout change et elle reste là. Elle regarde les sentiments grandir, les histoires se construire. Elle analyse, tente de comprendre les rouages, les mystères du mécanisme de la vie. Ce couple, s’embrassant passionnément, s’aime-t-il vraiment ? L’homme a-t-il une quelconque liaison ? La femme ne se pose-t-elle pas de questions ? Tout dans leur geste, leur expression respire l’amour. Tel qu’on peut le voir dans les romans ou films. Tel qu’on le rêve trop souvent. La vie nous appartient alors pourquoi est-on incapable de la manier à notre guise ?

Elle tourne la tête, dégoutée de cette jalousie qui la ronge. Dégoutée d’envier ce qu’elle n’a pas. D’avoir sous les yeux ce qu’elle a toujours vu au loin, mais n’a jamais pu en toucher la moindre parcelle. Ses yeux se posent alors sur une femme seule. Rassurée, elle pense voir en elle une alliée. Une personne aussi perdue, égarée dans cette brume de bonheur. Mais un regard et l’espoir s’effondre. Si elle est seule, son cœur ne l’est pas. Sur son visage, on peut aisément voir la marque de l’amour, du bonheur. Alors non, elle n’est pas seule.

A l’intérieur, le téléphone sonne. Dehors, le facteur passe, lui sourit et dépose une lettre dans sa boite. Quelques minutes plus tard, un jeune garçon passe et lui fait signe. Dois-elle pour autant conclure qu’elle n’est pas seule ? Qu’est-ce qu’être seule ? Qu’est-ce qu’être accompagnée ? A-t-elle une idée erronée de ce qu’est l’amour, l’affection ? Pensait-elle trouver la perfection ? Est-ce la raison pour laquelle elle n’est pas satisfaite ? Jamais…
Il y a un mur. Un frein. Une tâche obscur. Dans chaque lueur qu’elle entrevoit, elle trouve une faille. Existe-t-il ? Cette chose dont on lui a toujours fait l’éloge. L’amour, souvent exprimée avec des mots. Les mots sont les armes de cette jeune fille et pourtant elle ne comprend pas ce qu’elle sert.
Ecrire pour aimer.
Aimer pour écrire.
Ecrire pour…comprendre ?
Non. Elle écrit mais ne comprend rien.

Sa plume ne l’a nullement aidé dans sa quête. Peut-être est-elle trop idéaliste…Cette pureté, cette innocence, cette beauté si touchante décrite depuis la nuit des temps elle la cherche. Désespérément. Et elle la trouve régulièrement…dans le cœur des personnes qu’elle voit déambuler devant chez elle. Elle aime s’asseoir là et se rendre compte que ce qu’elle cherche, existe. Sa recherche n’est pas vaine. Elle a besoin de ces moments de jalousie pour s’en convaincre. Ces rêves ne se réaliseront peut-être pas mais au moins a-t-elle l’impression d’œuvrer pour un souffle de bonheur, pour une caresse sur le cœur. Non, ceci est bien réel. Ce ne peut-être pure fables. Et si ça l’était, que lui resterait-il ? Bien peu de choses.

Alors elle regarde. Elle assiste à la vie. Et finalement, elle en est contentée.
Avec un timide sourire, la jeune femme baisse la tête et replonge dans les mots entremêlées de l’ouvrage qu’elle tient entre les mains.

« Il l’encercla de ses bras, se pencha à son oreille et dans un souffle lui dit combien elle était précieuse à ses yeux. Pour rien au monde, il ne voudrait perdre l’odeur de sa peau, la vue de ses yeux profonds et le toucher de ces courbes gracieuses. D’une voix douce et empli d’émotion, il lui murmura « Je t’aime. » »

« Foutaises ! » aurait dit bon nombre de personnes. Peut-être même vous…Mais cette jeune femme qui, lisant ces mots, a senti sa poitrine se soulever, son cœur s’accélérer et ses yeux s’embuer vous répondra :

« Foutaises que l’amour ? Foutaise que le cœur ? Foutaises que la…vie ? Mais que cherchez-vous jour après jour ? Ne me dîtes pas que vous marchez sur le fil en ayant pour unique but d’arriver au bout. Et après ? Niaiseries ne feront pas mon bonheur. Mais rêves…je le crois. »

A l’amour, il ne faut pas tourner le dos.
A la vie, il ne faut pas ôter son essence.

A l’amour, il faut écrire.
A la vie, il faut croire.