Mon stylo déambule sur l'espace A4 de ma feuille. C'est un terrain de construction pour lui: il met en place des avenues, des routes innondées d'encre bleue. Il ne sait pas à quoi ressemble ni à quoi rime cette mascarade, mais il continue de construire, encore et encore.

Bientôt, le terrain, enciennement vierge sera macculé de liquide bleu et mon stylo devra construire ailleurs. Je lui trouverai un autre terrain et, doucement, je le reposerai sur son nouveau espace de jeux. Il sera heureux! Il créera enfin une ville à son image, il construira, il détruira, il reconstruira. Jamais il n'aura été aussi libre... Cette urbanisation de terrains est due au fait qu'il en a marre d'être conditionné dans sons seul et même endroit: le plumier!

Je l'ai donc pris un jour, une force indéfinissable m'y obligea et ma plume fit le reste. Il y eu bien sur des moments ou elle fut vide, un plein s'imposa et je lui remis, une nouvelle cartouche pour qu'elle puisse recommencer à gambader. Moi, je suis à ses côtés, je la tiens afin qu'elle ne tombe pas! Je la tiens afin qu'elle ne s'emballe pas trop! Mais elle est forte, je résiste mais bientôt plus de 20 fiefs seront urbanisés!!! Elle doit se calmer, sinon je n'aurai plus aucun choix que de mettre sa magnifique ville dans un livre... Déterminé, je décide de renfermer cette plume dans son élégante protection et la mets dans son plumier que je ferme à tirette. Doucement, je me recule de ma table et m'etand sur ma chaise. Je remet de l'ordre dans les feuilles afin de mieux conprendre ce que mon stylo m'a écrit. Et déjà, les formes insignifiantes se déchiffrent, les rues sont en realite des mots... Je me lève et sors sur la terrasse encore chaude de l'apres midi ensoleillée. Je m'assiers et contemple, un instant, le superbe firmament peuplé d'étoiles et je me dis à moi même: voilà un terrain joliment exploité par d'autres choses que des rues sinueuses. C'est alors que je prends l'héritage laissé par ma reine plume et commance à lire :

"Aujourd'hui, le soleil est fort, il est puissant! Les oiseaux chantent, preuve incontestable que le printemps est enfin revenu... Moi, je suis là, dans ma chambre carrée azur, assis au bureau, un stylo à la main, des feuilles à disposition. J'ecris, mais en moi même je ne me sens pas inspire. C'est les vacances, je n'ai rien a faire, autant écrire... Écrire sur quoi? Sur la vie? Sur la mort? Sur les maladies? Sur ma vie? Sur celle que j'aurais aimé avoir? Je n'ai aucune inspiration mais j'ai enfin trouvé. Doucement, une goutte chaude prend forme au niveau des glandes lacrimales de mon oeil droit. Elle descend lentement le long de ma joue perçée, de ci, de là, par les ports d'évaporation. Bientôt, elle viendra se loger dans la commissure droite de mes lèvres tremblantes. Elle rentrera lentement dans ma bouche entrouverte et coulera dans celle-ci, longera l'email écaillé de mes dents finira par toucher ma langue. Dans une parade de vitesses approchant celle du son, un contact s'etablira alors entre les nerf de ma langue et mon cerveau. Je comprendrai alors bien vite que cette goute est salée et chaude. Je pleure... Pourquoi est-ce que je pleure? Je ne comprends pas. Les artères azur de ma feuille sont deci, delà, macculées de taches circulaires faisant gondoler le doux papier banc. Je pleure, ça oui... Je ne sais pas pourquoi, mais aujourd'hui, ça me fait du bien. Je réfléchis un instant, et je comprends. Les raisons de ma fuite oftalmique sont due au fait que je suis triste! Toute ma vie on m'a rabaisse, me disant que je n'était rien! Aujourd'hui, dieu merci c'est fini! Mais dans ma tête, j'ai pris conscience de celà à force de l'entendre, j'ai fini par le croire... Maintenant, je n'ai plus confiance en moi! Je dois en avoir, c'est impératif dans le milieu social ou nous vivons!!!"

C'est alors que le dernier point d'exclamation marqua la fin innatendue du texte de ma plume. Je lève les yeux et comprends à nouveau, les étoiles n'ont aucuns buts a part espérer... Les boulevards sinueux de ma plume sont en fait mes routes. La plume c'est moi! Tout ce qu'elle fait je le fait! L'écriture est mon espoir! Mais..., après tout... Est-ce ça qui va m'aider?