Je sais qu'elle est là, je sens ses doigts sur les touches de mon clavier, je vois son sourire un peu las, fatigué d'être plaisant aux autres, fatigué surtout de ne pas refléter une vraie joie intérieure, la combinaison d'un rêve et d'un projet de vie. Je la vois sur mon écran chercher une image d'elle qui soit pleine de cette lumière qu'elle ne peut pas exprimer à tout le monde, je la devine choisissant dans mes mots ceux qui pourront lui dire qu'elle a raison, pas une raison contre quelqu'un, non, une raison avec quelqu'un, raison avec ses histoires, raison avec ses choix et tout ce qu'elle a perdu, raison avec ce poids qu'elle traîne depuis qu'enfant elle s'est rendu compte qu'une fille n'a pas les mêmes droits, raison d'avoir envie de vivre, pleinement, raison de désirer, raison de se savoir femme sans avoir de revanche à prendre.
Ces quelques mots sont pour elle.

Ces quelques mots sont pour elles, toutes celles qui consacrent obligatoirement tant d'énergie à plaire alors qu'elles aimeraient simplement être, toutes celles qui se démènent pour être des mères parfaites et qui voudraient être regardées aussi comme des femmes, toutes celles qui taisent leurs envies pour mieux faire vivre celles des autres, toutes celles qui modèlent et embellissent un monde qui les nie, les déchire, les bat, les ignore, toutes celles qui doivent séduire alors que leur séduction est emprisonnée, toutes celles, toutes celles...
Je ne deviens un homme que dans le regard d'une femme, je ne suis un homme que quand mes mots pénètrent l'esprit d'une femme, je ne me sens homme que dans le cœur d'une femme, je ne grandis que si j'entends parler une femme et je n'existe que par la pensée d'une femme.
Si je me souviens bien, (on me l'a raconté) j'ai pris corps dans le ventre d'une femme.
Merci à toi, merci à vous de continuer à me rendre fier de moi, fier de ma vie, fier de l'amour que nous construisons ensemble, fier de savoir que nous avons la même raison de vivre : exister ensemble.

On continue ?