Publier vos poèmes, nouvelles, histoires, pensées sur Mytexte

Une autre petite histoire (3ème partie) par w

Une autre petite histoire (3ème partie)

 

       « Marjolie saisit la clé rouillée et la mit dans la poche de son manteau. Elle jeta un regard de l’autre côté de la clairière et remarqua que le sentier reprenait. Alors, l’ancien ouvrage tout serré contre elle, elle s’avança vers le sentier qu’elle finit par emprunter. Alors qu’elle marchait, elle remarqua avec étonnement que le chant des oiseaux avait cessé, tandis qu’une douce mélodie l’avait remplacé. Les notes qui se distillaient tendrement dans tout l’univers végétal semblaient provenir d’un endroit en avant d’elle. Elle accéléra alors le pas afin de savoir de quoi il retournait.

       « Au bout de quelques pas, après un virage, elle découvrit une femme en robe blanche assise au beau milieu de la forêt. Elle était assise sur un banc et passait délicatement ses longs doigts fins sur les cordes d’une haute harpe à l’encadrement d’ivoire. Sa peau était d’une nuance diaphane, ses yeux d’un bleu plus profond que l’océan et ses cheveux avaient la blondeur d’un champ de blé. Mais ce qu’il y avait de plus surprenant, c’est qu’elle avait de jolies petites ailes translucides dans le dos. Marjolie se dit qu’il s’agissait d’une enchanteresse. Cette dernière, tout en continuant de jouer d’une manière savoureuse, l’appela par son prénom, lui disant : "Marjolie… Marjolie… Viens à moi, n’aie pas peur, je ne te ferai aucun mal. Je suis une fée, la fée gentille de la forêt." Alors que la fillette n’était plus qu’à un mètre de la fée, elle se figea à l’instant car elle venait de songer à nouveau aux mots écrits dans le grimoire. Elle recula d’un pas, terrorisée. Ce fut là que la fée subit une terrible transformation : son corps devint squelettique, ses doigts se firent crochus, ses cheveux gris métallique, ses joues se creusèrent, des poches épaisses grossirent sous ses yeux, des rides profondes se creusèrent sur son front et ses yeux exorbités devinrent rouges avec des veines violettes. Marjolie comprit qu’elle avait à faire non pas à une fée mais à une terrible sorcière, très certainement la vieille femme qui s’était déjà métamorphosée en lapin, buisson et arbre précédemment. Alors que la sorcière avançait d’un pas mal assuré vers elle, la fillette ramassa un gros caillou par terre et l’envoya de toutes ses forces sur la vieille femme. Celle-ci le reçut en plein visage et un sang noir se mit à couler de son front plissé. Marjolie fit volte-face et se mit à courir aussi vite qu’elle put. Elle entendait derrière elle la voix haut perchée de la sorcière qui lui vociférait qu’elle se vengerait, mais Marjolie n’écoutait plus, elle allait aussi vite qu’elle pouvait, droit devant elle.

       « Bientôt, en un nappage de lumière blanche, se dessina l’orée de la forêt que la petite fille voulait atteindre depuis si longtemps. Elle accéléra le pas encore plus et, au bout d’une poignée de secondes, parvint à la sortie de ce monde boisé et onirique.

       « Une prairie verdoyante l’accueillit tel un drapé de soie qui aurait flotté devant des yeux énamourés. De partout scintillaient des massifs de fleurs chatoyantes qui embaumaient l’air d’un parfum subtil et rare. Au beau milieu de la prairie, il y avait une fontaine de pierre blanche qui semblait la héler. Elle s’en approcha le cœur battant à un rythme endiablé. Alors que le clapotis de l’eau donnait à ce monde de nature sauvage une mélodie de sérénité aux notes savoureuses, Marjolie ouvrit le grimoire une nouvelle fois afin de savoir ce qu’il fallait qu’elle fît.

 Regarde au plus profond de l’eau

Ouvre le coffret avec la clé

Sors en le magnifique joyau

Et là à ton cou fait le briller

       « Marjolie se pencha au bord de la fontaine, regarda au fond du bassin et y découvrit un coffret en bois vermoulu et aux panneaux ciselés d’or. Elle plongea alors ses mains dans l’eau et en sortit le coffret qu’elle déposa sur ses genoux une fois qu’elle se fût assise sur l’herbe. Elle sortit la clé de sa poche et l’introduisit dans la serrure. Un cliquetis se fit entendre. Le cœur frappant fort dans sa poitrine, les mains tremblantes, elle souleva le couvercle et murmura un "Oh !" d’étonnement. A l’intérieur du coffret, sur une mousse de dentelle blanche était lové un magnifique pendentif. C’était un gros cœur en ambre orangé. Elle le prit dans la main et l’approcha de ses yeux pour mieux voir étinceler les millions d’éclats fossilisés sous l’incandescence du soleil. Elle était charmée. Elle glissa l’embout du pendentif sur sa chaînette en argent et reposa le cœur en ambre sur sa poitrine. Sous la mélopée des ploc ploc de l’eau dans le bassin de la fontaine, Marjolie se releva et rouvrit le grimoire une dernière fois. Voilà ce qui y était écrit :

 A présent que l’ambre est sur ton cœur

Te voilà donc devenue désormais

La belle princesse de la forêt

Ta vie sera pour toujours un bonheur

       « Et Marjolie garda toujours contre son cœur le pendentif en ambre qu’elle avait découvert dans le coffret dissimulée dans l’eau de la fontaine. Elle grandit avec lui, se maria, eut de nombreux enfants et vécut longtemps dans le plus grand bonheur. »

        C’était une belle histoire, mamie, dit la petite fille.

       ─ Oh oui ! Je l’ai adorée, surenchérit le garçonnet.

       ─ Merci les enfants. Maintenant, il est l’heure d’aller vous coucher. Allez ! Ouste ! Entrez dans votre tente et n’en sortez pas avant demain matin au lever du soleil.

       ─ Oui, mamie, répondirent de concert le frère et la sœur.

        Dans la profondeur des cieux la lune était pleine et il émanait d’elle une rousseur dont l’éclat orangé se réverbéra sur la chevelure grise de la grand-mère. Elle regarda ses petits-enfants tirer la fermeture éclair de leur tente, puis tourna à nouveau son regard vers le feu de camp. Quand l’agitation des enfants se fut calmée et que le silence régna enfin sur la prairie, elle déboutonna le haut de sa chemisette et en tira une chaînette en argent au bout de laquelle se trouvait un pendentif. C’était un magnifique cœur en ambre…

"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"

Style : Nouvelle | Par w | Voir tous ses textes | Visite : 443

Coup de cœur : 11 / Technique : 13

Commentaires :

pseudo : lutece

Je l'ai lu d'une traite, merci pour ce conte, j'aime!!! CDC

pseudo : Iloa

Merci...J'aime beaucoup les contes. Celui-ci m'a charmée. CDC !

pseudo : w

Merci à vous deux, vous êtes gentille. Je suis fier de ce conte qui est d'une facture classique et qui a été un excellent exercice de style auquel j'ai joint mes émotions intimes.

pseudo : damona morrigan

Que c'est mignon mon petit scribe un conte à travers tes yeux et ton coeur. Merci à toi CDC

pseudo : damona morrigan

Te laisserais quand même des coms je vois que tu as décidé de m'ignorer, tu ne veux pas me pardonner c'est ton droit et je le respecte. J'en suis peinée, je ne voulais en aucun cas te blesser à travers mes différents visages au contraire je voulais vous apporter du rêve. J'ai échoué et je ne pensais pas que tu le prendrais aussi mal. Tanpis.

pseudo : w

Tu est gentille damona, merci beaucoup pour ton premier commentaire. Quant au second, es-tu sûre qu'il m'est destiné ? Tu n'as commis aucune faute envers moi et je t'adore toutjours autant...

pseudo : damona morrigan

Merci W.

pseudo : Mignardise 974

Un conte féerique vraiment magnifique. L'écriture est tellement pure et les sensations, infimement analysées qu'on a l'impression d'y être. Un immense CDC !!!

pseudo : PHIL

délicieux et quelle inspiration et quelle imagination CDC

pseudo : féfée

Quel magnifique conte, habité de ta muse... Je l'ai dévoré. Merci pour ton soutien, amitié. CDC et techn

pseudo : w

Merci mignardise, même si j'avais déjà écrit des textes proches de ce genre littéraire, c'est la repmière fois en tant que telle que je rédige un conte "classique". C'est très stimulant. C'est gentil PHIL, Thank you. Oui, féfée, je m'amuse avec ma muse en la plaçant de temps en temps dans mes oeuvres. tu es adorable. Je vous embrasse tous les trois.