Je voudrais vous raconter l’histoire d’une tragédie
D’un matin qui devrait être béni, comme on dit.
J’aurais dû être du bois mourant par incendie
Mais j’ai été sauvé par l’industrie, quelle comédie !
Je suis arrivé en kit dans un emballage transparent
Et deux humains m’ont montés avec un air aimant.
Pièce par pièce, ils ont assemblés chaque élément
Pour que je puisse naître et m’élever fièrement.
J’ai ouvert les yeux et découvert un drôle univers
Qui était remplit de toute sorte d’objets divers.
Les murs couverts de peinture, le sol était vert ;
Il y avait dans l’air comme une odeur de primevère.
D’autres meubles inanimés, des livres autour,
Des CDs et quelques objets qui valent le détour,
Je trône parmi eux tel un être en haut d’une tour
Sans me douter qu’il existe un maître à cette cour.
Voilà que ce dernier apparaît derrière une porte
Qui se dirige vers moi, les bras armés d’une cohorte.
Se sont de sombres objets étranges qu’il transporte ;
Il me destine à être le débarras des rêves dont il avorte.
Il a fait de moi le refuge de ses secrets immondes,
Du linge sale qu’il cachait à la face du monde.
Au fond des tiroirs, il entassait ses pensées profondes
Et face au miroir, c’est un mensonge qu’il fonde.
J’étais né pour être garni de jolies contes,
Je me retrouve le débarras de ses pires hontes
Qu’il amasse par centaines sans s’en rendre compte ;
Et qu’il remplace par des leurres qu’il se raconte.
D’immaculé, je prend le chemin du bois torturé
Avec des images placardés, je me sens emmuré.
Sur mon être contreplaqué, me voilà dénaturé
Car c’est sa nature profonde qu’il veux censuré.
Voilà qu’un beau jour ce n’est plus un drap
Mais c’est tout son être qu’il envoi à moi.
Il veux que je le l’emporte dans mes bras
Et ouvre les portes de mon antre en bois.
Il s’y cache bien au fond, blotti dans le noir.
Je m’affole, ne me sens plus une armoire ;
Je suis une poubelle sans exutoire
Qui veux redevenir simple accessoire.
Ecoutez la complainte d’un mobilier
Et faîtes sortir de leurs placard oubliés
Ces êtres qui se sont font prisonniers
Pour qu’avec eux il puissent se réconcilier.
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Style : Poème | Par X5babou | Voir tous ses textes | Visite : 550
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Commentaires :
pseudo : X5babou
Merci à tous. Je vois que chacun l'as ressenti d'une manière différente, c'est géniale ! malone: si un peu. Je suis partie avec l'idée d'écrire sur le phénomène d'"être dans le placard"/ "sortir du placard" mais du point de vue du placard donc oui, il y a une part humoristique.
pseudo : féfée
J'ai vraiment adoré cette histoire ! CDC
pseudo : lutece
Magnifique. Superbement contée cette complainte de l'armoire. Un grand bravo et un gros CDC
pseudo : italogreco
un poème fort sympa....merci du partage
pseudo : Iloa
Terrible et bouleversant...
pseudo : Karoloth
Superbe et tellement original. CDC!!
pseudo : malone
moi ça me fait rire... je sais pas si c'est l'effet recherché... enfin j'imagine que non... mais CDC toi!