Elle, elle, je ne sais comment la dire, comment l'appeler, lumière, renaissance, vivacité des sens, respiration du cœur, réflexion de la vie, elle existe ; voilà c'est le mot, et parce quelle existe, je vis. Comment se rencontrent deux êtres, deux individus, forcément seuls, forcément abîmés par la vie des autres, par les combats inutiles, par les méandres obligés de ce fleuve pas tranquille, pas serein, même pas impétueux mais traître, jamais raconté quand il faut, ce fleuve qui charrie les cadavres optimistes, ceux qui n'ont pas eu la chance d'une telle rencontre ?
Poser un acte, oser un geste, et dire. Construire sa parole avec l'autre existant déjà dans cet enchevêtrement et la libérer, accepter que l'autre s'insinue à la fois dans les mots, dans le corps et dans le cœur, demander qu'il puisse rester, là, comme une sentinelle souriante, l'héberger en étranger familier, savoir que ce qui s'esquisse n'est pas jugé, mais vécu comme l'accomplissement du mystère de la vie, celui qui fait respirer, celui qui fait battre le cœur et circuler le sang.

Et la rencontre se réalise au fil du sens que l'on trouve ensemble à ce mystère, à mesure que l'on arrive ensemble à remplacer «pourquoi» par «pour qui», au gré des réponses que chacun donne qui se ressemblent et qui sont différentes.
Elle m'a rencontré et je l'ai rencontrée, je n'ai plus de mots assez forts pour décrire cette galaxie joyeuse où les étoiles sont des baisers spirituels et les comètes des écharpes de caresses mentales. Alors je dis des choses banales, je dis que j'ai enfin trouvé pourquoi j'ai tant vécu et tant attendu. Le grand plaisir est que cet amour n'est pas une nouveauté, ce n'est pas une découverte, c'est une répétition, il s'enrichit de toutes mes amours encore vives et il s'articule à elles pour faire de moi un homme nouveau. Elle et lui, définitivement. C'est une belle personne.