Une évolution en quatre éléments
Il n’y avait eu de maux plus meurtriers que les malheurs qui m’avaient accablé, il n’y avait eu de souffrances plus sifflantes que les affres sulfurantes qui me furent insufflées à ce moment. Dans la pesanteur asphyxiante de l’instant présent je n’avais plus été qu’un fétu de paille cramoisi ballotté d’avant en arrière dans la tourmente des exhalaisons enflammées. Qu’avais-je été alors sinon un pantin qui s’était agité en vain dans le vacarme rougeoyant des flammes qui m’avaient vêtu de leur uniforme ignée ? Elles avaient fait de moi une boule d’afflictions intenses dont le cri de terreur avait résonné dans le vide abyssal de ma gigantesque demeure où seules les ombres avaient été témoins de mes affres. J’avais été le jaune d’un soleil qui avait brûlé ma peau, l’orange de la crinière d’un lion qui avait dévoré ma chair, le rouge d’un brasier dans lequel je m’étais consumé jusqu’aux os. Et dans la clameur du désastre, sous mes yeux exorbités étonnés, une main me fut soudain tendue à travers la fumée âcre, chaude et étouffante.
Je la saisis et me voilà tiré de la fournaise vers le parterre sanglant de mes regrets. Allongé sordidement dans une flaque d’eau saumâtre, je grelottais moins par le froid qui me tenaillait que par la terreur qui m’assaillait. Au bout de cette main je vis alors un bras diaphane que bientôt un visage angélique surplomba. Une femme. Elle me souriait à pleines dents mais elle versa en même temps une pluie de larmes qui chutèrent sur mon corps décomposé. Ce me fut rosée pénétrante et enivrante qui m’enveloppa d’un écrin de soulagement après tant de douleurs. L’étendue de l’eau s’agrandit mystérieusement autour de moi et je me retrouvais bientôt dans les vapeurs aux senteurs boisées d’un marais dont l’humidité se fit cataplasme sur mes plaies ouvertes. Je me sentis alors balloté car le marais s’était fait rivière par le courant de laquelle le destin me transportait vers le lointain, là, toujours accompagné par cette femme qui flottait énigmatiquement au-dessus de moi. La rivière se fondit en un fleuve immense de réconfort et, bientôt, le fleuve épousa la plénitude d’un océan au bleu majorelle.
Sous le baldaquin d’un soleil à son zénith, je suis allongé sur la couche tendre d’une plage dont le sable fin glisse entre mes doigts. Elle, la belle, est allongée, là, tout contre moi. Sa peau de nacre éblouit mes yeux d’une lueur de bien-être, tandis que ses yeux noisette m’enivrent dans la profondeur des espoirs prêts à s’assouvir. Elle lève le bras et nous lévitons en direction d’une bande de terre fraîche sur laquelle nous nous posons. Un souvenir prend la forme d’une larme sur le miroir de mes yeux, mais avant que celle-ci ne puisse tomber sur le sol, je sens un fourmillement étrange sous mon dos : je regarde et vois que, comme par magie, l’herbe pousse de plus en plus drue afin de former un parterre sur lequel finissent par éclore des fleurs. La femme aux lignes gracieuses ouvre la bouche et prononce le mot « aime » dont la consonne sonne mollement sur ses lèvres charnues au carmin délicat. Mais je jette un coup d’œil sur les fleurs et ne vois que des cigües jaunes qui tenaillent mon cœur en un mal de réminiscences. C’est alors qu’elle dépose sa chevelure rousse sur les ornements végétaux et, soudain, dans cette chrysalide ambrée, les fleurs se métamorphosent en mauves de toutes les couleurs, un arc-en-ciel de tendresse en cet univers mystérieux. Je lui saisis les mains et en goute les fruits rosés, j’embrasse ses lèvres et en déguste les ombres cardinales dans l’étendue pleine de ma passion pour elle. Nous nous roulons sur l’herbe et ne formons plus qu’une toupie de rires tournoyant dans la verdoyance aimante.
Et, bientôt, nous quitterons la terre ferme afin de virevolter dans les airs enchanteurs des doux lendemains. Main dans la main, les yeux dans les yeux, nous flotterons dans le firmament en dédaignant même nos plaisirs d’antan en contrebas pour mieux nous focaliser sur ce soleil radieux qui nous éclairera de ses rayons de bonheur. Nous aurons délaissé nos enveloppes charnelle et ne demeurera de nous que nos âmes éperdus d’amour qui s’ébattront dans la profondeur de ce bleu azurin. Les nuages nous serons couches, les ailes des oiseaux oreillers, les brises légères draps de satin. Et, sous peu de temps − si tant est que le temps aura encore une signification−, nous avancerons vers le lointain, franchirons la frontière miroitante de l’horizon et découvrirons un nouvel univers de passion qui sera le nôtre. Toi et moi dans les quatre dimensions de nos émois partagés.
De l’amour … Pour toujours
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : Nouvelle | Par w | Voir tous ses textes | Visite : 478
Coup de cœur : 10 / Technique : 11
Commentaires :
pseudo : Iloa
Un texte qui vole haut, certes très beau...mais j'ai envie de dire..." Allo la terre ". Quand on a des rêves grands comme les tiens...je me demande comment on peut vivre l'Amour sur terre. Bises.
pseudo : w
on vit l'amour sur terre avec beaucoup de rêves, une forme d'idéalisation qui a ses avanantages et ses inconvénients. Mais je n'aime pas à moitié, c'est tout ou rien ! :-)
pseudo : Iloa
Sourires...
pseudo : féfée
Très beau ! CDC
pseudo : w
Merci Iloa et féfée :-)
pseudo : Mignardise 974
waouh waouh ! je me sens toute légère tout d'un coup ^^ quel texte aérien ! CDC !
pseudo : damona morrigan
Encore un très beau voyage que tu nous offres à travers tes rêves d'amour ! Merci mon petit scribe adoré ! CDC CDC CDC
Nombre de visites : 77966