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Une fleur des champs, une nuit d'été ?
Je ne ferais encore rien de ma journée. Je préférais ne voir personne, parce qu'ils voudraient forcément que j'en parle, que je sorte tout ce que je ressentais. Je ne peux pas me résoudre à ça. La maison était totalement vide et c'était un soulagement. Le silence m'apaisait, me donnait l'impression d'être totalement maître de mon monde, le sentiment d'avoir la force de diriger ma vie sans problème. Une vie où jugements et mensonges seraient totalement éliminés de la surface terrestre. Où les gens ne feraient plus semblant de comprendre mes peines, dissimulant leur avis, parce que je suis trop jeune pour savoir ce qu'est le véritable amour, le profond, celui qui peut détruire n'importe qui en peu de temps. Ils me font mal avec leur condescendance si mal cachée. Peut-être qu'une bonne claque serait une meilleure solution pour mettre fin à cette mascarade. Je me sens tellement...indécise. Je voudrais faire l'aveugle et continuer à l'aimer comme si de rien n'était, mais en ais-je encore la force ? Je passais le temps à me poser des questions, ou plutôt à me remettre en question. Qu'est-ce que j'avais fais de travers, laisser passer ? Il fallait impérativement que j'arrive à me sortir de cette torpeur qui m'habitait depuis l'annonce de son départ. Il referait sa vie, lui, de toute manière. Et moi aussi, après tout. J'attendrais celui qui saura. Qui aura le savoir pour démonter et réparer le mécanisme rouillé de mon pauvre coeur. La clé, elle, s'est perdue en chemin dans les mains de l'autre. L'inconnu de service comme je voulais l'appeler, pour ne plus mettre ni visage ni nom dans mes pensées. Pour juste savoir oublier et, peut-être, qui sait, faire perdurer la magie. Le scintillement éphémère de cette fin de tunnel qui semblait si proche. Ma tête me disait : "Courage ! Bouge toi ! Tu peux le faire !" Mon corps ne répondait plus, déconnecté. J'étais un magnétoscope qui rembobinait ma vie jusqu'à ma première rencontre avec vous savez qui, ou plutôt les premiers instants d'un amour. Voici donc l'histoire si banale de la chose magnifique devenue écoeurante.
On se croisait, pratiquement chaque jour au détour d'un couloir, se souriant avec une légère gêne. Une semaine plus tard, j'appris qu'il faisait parti de mon groupe d'ami mais qu'il sortait avec une autre. A cet instant, je savais parfaitement qu'il ne m'intéressait pas le moins de monde, n'étant pas du tout mon genre de personne. Puis, vint le temps où l'on nous présenta, dès qu'il fut libre à nouveau. Mes amis lui firent croire que j'étais attirée par lui, en vérité, je le trouvais juste gentil. Nous apprîmes à nous connaître et de fil en aiguille, le grand amour naissait. Nous sommes vite devenu un couple qui attirait les jalousies, ne se disputant jamais, toujours collés l'un à l'autre, sur la même longueur d'ondes. On voit la vie d'un point de vu différent dans ces cas-là, rien ne parait nous atteindre, on se sent capable de tout. Par amour. De faire des sacrifices qui nous paraissaient impensables, de ramener toujours chaque conversation, chaque détail, à lui. A celui qu'on voit déjà près de soi lors de notre dernier souffle de vie, une belle histoire d'amour, tellement clichée -mais dont on rêve toute un jour secrètement- qui est décrit dans trop de films. On se dit que ça y est, malgré ce que nous raconte nos copines, ce genre d'amour existe, qu'on a de la chance, que c'est le paradis. Mais bien vite viens l'heure de la remise en face à face avec la vérité, attention, je ne dis pas que ça arrive à chacun d'entre nous, mais il y a des probabilités importantes. Et dans le cas présent, c'est ce qui est arrivé. Dès l'instant où il m'a annoncé son déménagement imminent, j'ai eu l'impression d'être un oiseau sans ailes qu'on poussait du haut d'un immeuble d'une centaine d'étages. La descente vers la réalité a été véritablement violente. J'ai grandi avec lui, j'ai passé le cap de la soi-disant révolte, je suis devenue une autre. On s'est tant appris l'un l'autre, prêt à parler de tout et n'importe quoi, refaire le monde, et rire de ce qui paraissait dur à accepter en temps normal. J'ai appris à défier le regard des autres, à assumer certaines choses. On s'est construit un peu ensemble, il a ajouté des pièces au puzzle de ma vie, à la curiosité qui devra un jour ressembler enfin à quelque chose de correct. On se sent si invincible dans ces moments-là, plus qu'intouchable. Je reste encore évasive sur ce sujet, ne sachant qu'en penser, ayant la réaction récente au fond du coeur, le couteau en place dans la blessure. Je ne me fais pas à l'idée que je serais toujours moi, même sans lui à mes côtés. J'y arrivais avec lui mais avait-il vraiment une incidence sur tout ça ? Ou m'en sortais-je très bien sans lui ? Son départ n'avait fait qu'accentuer mon manque de confiance en moi, le refaisant redevenir plus qu'évident. Fichu sentiment d'infériorité ! Évidement que tu peux faire des choses sans lui, comment peut-on se poser une question pareille ? Et bien, même après s'être auto remonté les bretelles, je ne réussis pas à m'en convaincre. Quelle stupide idée de croire que l'on a besoin d'une personne en particulier pour survivre.
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Style : autre | Par Mancini Armelle | Voir tous ses textes | Visite : 278
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