Tourne. Tourne et tourbillonne. Vole. Vole et laisse-toi emporter.

Les ailes du vent te touchent. Elles te frôlent, te caressent. Toi, petit ange tourbillonnant dans les décombres. Tes pieds ne foulent pas le sol, ils le survolent. Tel un fantôme, tu laisses tourner autour de toi ta robe. Tourne, tourne et tourne encore. La poussière t’encercle, la fumée te cache, et le soleil, projette sur toi une douce lumière. Tu rayonnes d’un timide éclat, timide mais ô combien éblouissant. Parmi la Mort, la Douleur, le Désespoir tu es celle qui lutte contre l’obscurité. La mort est là mais qu’importe. Qu’est-ce vraiment que la mort ? Quand un tel petit ange tourne encore au milieu de la destruction et de la désolation. Ne t’arrête jamais de tourner. Continue. Toujours.
Oui je sais, ils te critiquent. Tous. Tu diffuses ta lumière et pourtant il y a la Mort, la Tristesse, la Déception. Tu nous avais promis la Vie. Ce n’est pas ce qui leur a été donnés. Dans l’au-delà, ils l’obtiendront peut-être. Que dis-tu ? Ah. Tu le promets.
Tant de promesses dans tes rires. Tant de bonheur dans ton sourire. Tant de bien-être dans tes bras. Tant de chaleur dans ton regard.

Il n’est pas difficile d’y croire, de se laisser bercer par de si jolies paroles. Alors quand le noir tombe, quand ils nous engloutit sans aucune chance de survie, quand on ne voit plus rien et qu’on tombe à genoux sous le poids de la peur, alors oui, on te maudit. Et ce visage angélique, ces tourbillons envoutants n’y changeront rien. Tu diffuses une lumière éphémère, si belle mais si trompeuse. Pourtant tu es ce qu’il y a de plus pure et sans y réfléchir nous t’aimons.

Alors ce soir, nuit noire, j’écoute la pluie tomber. Je regarde les nuages noirs couvrir le ciel étoilé. J’entends un bruit gronder et je frissonne devant tant d’obscurité. Mais loin de me retirer, de me recroqueviller, je reste et je t’observe danser. Tu as beau décevoir, faire souffrir, donner de cruelles illusions, qui peut réellement se passer de toi ? Alors, tourne encore. Hypnotisée par ta danse, je ne vois pas la peur. Je devrais ? Peut-être. Nous le saurons plus tard, quand elle m’aura rattrapé après m’avoir vu écroulé. Ou peut-être que non…
Ta danse diffuse joie, illusions, rêves, projets, ambition…mais jamais de certitudes. On croit te voir venir à nous et te voilà tourbillonnante sous la pluie vers l'horizon. Que sait-on de toi ? Rien. Alors danse, tourne.

Petit Espoir. Petit angélique Espoir. Toi dont nous avons tant besoin. Nous t’aimons. Nous te détestons. Mais nous te prions de toujours danser. De ne jamais nous abandonner. Car espérer est notre unique chance.

Espérer est notre dernier espoir.