Et nos vies qui se passent dans ces trains filant à toute allure,
Les wagons qui s’empilent pour mieux masquer l’usure,
Toi qui m’regarde en coin pour mieux me critiquer,
Moi j’te piège dans le reflet de ma vitre éclatée,
Des visages anonymes et des yeux qui se taisent,
Des regards qui se cherchent et d’autres qui fuient l’malaise,
Ce type qui piquent du nez et se pose sur mon épaule,
L’étranger s’abandonne et son esprit me frôle,
Une fille qui bouquine, repliée sur son siège,
Eviter tout contact avant que l’autre ne l’assiège,
Je colle ma tête à la fenêtre et y fait d’la buée,
Pour dessiner ma vie telle que j’l’avais rêvé,
Prochain arrêt banlieue, les portes s’ouvrent en grand,
Les passagers s’engouffrent pour mieux se rentrer dedans,
Et dans cette bousculade, je capte ton regard,
Que penses-tu des rencontres qui se font au hasard?
Chaque matin à la même heure je croise ces âmes éteintes,
Quotidien machinal, fatigue de la vie qui s’ pointe,
Le train grince sur les rails jusqu’à destination,
Une routine angoissante qu’on suit sans une hésitation,
Le grincement qui rend sourd mais personne ne s’réveille,
Et ces gens qui préfèrent oublier, plongés dans le sommeil,
Dans cette chaleur pesante, j’étouffe, oui j’étouffe,
J’me suis retrouvée là, sans le temps de dire ouf,
Et nos vies sont rythmées par ces horaires strictes,
Et nos vies sont écrites par les mots qu’on nous dictent,
Un bout de paysage qui permet de s’évader,
Donner moi d’la couleur sinon je vais sauter,
Un clochard passe par là, mains tendues vers nos âmes,
Mais les gens ne regardent pas, à chacun gère son drame,
J’ai raté ma sortie, foutu coma du matin,
Une nouvelle aventure qui vaut s’en doute rien,
Prochain arrêt terminus, pas la peine de pousser,
Dans cette cohue humaine, ca y’est je suis cernée,
Obligée malgré moi de marcher sur leur pas,
Si y’a un dieu qu’existe, il se rit bien de moi.