L’aube berçait nos lentes étreintes sous le nappage délicat d’un bleu outre-mer. Ta chevelure châtain se répandait en vagues infinies sur un drap azur aux moirures fines, alors que nos deux corps baignaient dans le carmin clair d’un feu qui pérorait inlassablement dans le foyer de la cheminée. Mes yeux naviguaient sur les flots irisés de ton regard où la tempête de la passion s’était déchaînée dans des vents amants. Ton petit nez si mignonnement retroussé semblait héler mes fragrances en des appels étouffés. Sous le pilier de ton cou se maintenait ton tronc frêle à la façade de fine rosée où ta poitrine battait le rythme d’une danse effrénée. Et ma main déposée sur l’île licencieuse de ton nombril était ancre à l’esquif de ma langue, laquelle s’abreuvait à ta source amère.
Ah mer de mes fortunes où, en varech de sentiments de bonheur, les vagues de l’endorphine se déposaient ! Mon cœur tout contre ton cœur, je pénétrais en ta forteresse de chair en franchissant le pont-levis de tes émois les plus intenses. Et dans ton édifice qui branlait sous le tremblement de terre de mes impulsions, je découvrais les merveilles interdites de tes pensées les plus secrètes. J’étais à toi, j’étais en toi, j’étais toi tout au fond de moi car, par les nuances subtiles de mes volutes de désirs, se dessinaient sous mon regard intérieur la toile élégante de l’être sublime que tu étais. Je t’aime.
Bien au-dessus des océans les plus cristallins, par-delà les terres verdoyantes les plus lointaines, il régnait au firmament un univers d’ivoire qui était la couleur enivrante de ta peau. Ta crinière longue et sauvage aux dorures scintillantes ressemblait à la robe de la Voie Lactée dont chaque étoile était une paillette de paille dans le champ de mon amour envers toi. Tes prunelles m’étaient étoiles aux éclats miroitants desquelles pleuvaient à foison les larmes de joie que tu éprouvais. Tes cils prenaient l’apparence des bras rétractés de la galaxie tandis que tes sourcils me faisaient songer au sillage sensuel d’une comète au plus profond du cosmos. Et tandis que s’emmêlait ma mémoire meurtrie en tes mamelons au nappage de cerise, mes doigts se perdaient dans la plénitude de tes épaules aux reflets d’opale. Tes dents aiguisées croquaient les sphères acidulées de mes péchés non-regrettés.
A travers l’interstice de la porte de nos folies toutes faites de fluides et de matières, se dissimulait timidement ton être de lumière. Et, lentement, telle la marée montante sur le sable des délices, j’avançais en toi afin de découvrir les trésors de ton esprit. Tout de toi était halo de fluorescence dont l’évanescence n’avait d’égale que la senteur d’une rose blanche à l’éveil de la matinée. Et je m’infiltrai ainsi en ton for intérieur dans lequel je découvris les rares pâleurs des merveilles sous l’hospice élégante des soleils les plus chamarrés. Le voile de mes émois enlaça le tien et de nous deux ne fut plus que tourbillon d’amour sur les prairies vivifiées de la spiritualité. Je t’aime.
Du lac au vermillon raffiné s’exhalait une rivière menue qui, tout au long de son parcours vallonné fait d’une succession de calme et d’agitation, prenait plus de corps, se faisait fleuve puissant aux effluves de nacre. Et les eaux d’une garance ensorcelante finissaient de s’abandonner dans la grandeur désordonnée d’un océan de volupté. Telle avaient été les moments que j’avais passé avec toi, d’une première rencontre au sourire marqué jusqu’aux ébats en ta couche en passant par les doux baisers volés dans les recoins de la cité de lumière. Et je me trouvais entre tes bras comme un pollen de désir lové par une ceinture de pétales de rose. Tu m’étais nectar de sueur décantée dans un calice de délices. Et lisses étaient tes lèvres sous la caresse de tendresse réalisée par ma langue assouvie à tes désirs. Les dialogues endiablés de nos ventres n’étaient compréhensibles que de nous deux dans le langage céleste des frôlements amants. Et en-deçà de ce soleil noir qu’était ta crinière crépue, et sous l’ombre de ta parure d’ébène à la soie onirique, la clef de mes fantasmes s’ébattait en une farandole de va et vient dans la serrure humide de tes soupirs.
Il régnait un clair-obscur attirant dans l’enceinte de ta cathédrale émotionnelle, ce je ne sais quoi d’ineffable dont tout de toi m’était appartenance. Je flottais sur la couche sensible de ton imaginaire à l’instar d’une plume de compréhension sur les flots cotonneux du ciel. En un pacifique rapace je passais en tes pensées et les enserrait entre mes pinces de velours. J’étais en ton être et j’en étais toi. Tout ce qui faisait ton monde m’était connu, j’étais certitude de toi-même. J’étais en ta réalisé, j’étais en tes songes, j’étais tout de toi jusqu’à la moindre parcelle de tes idées. Je t’aime.
Il n’y avait de forêts plus merveilleuses et magiques que celle de ta chevelure au feuillage d’un roux exquis, tel de l’ambre scintillant sous la lumière d’une lune argentée. Mon corps en pleine transe se mêlait au tien dont le plumage d’un jaune citronné infiltrait ses senteurs entêtantes dans chacun de mes pores. Tes yeux s’étaient faits miroirs de mes soifs sexuelles où je m’observais tel un Narcisse au plaisir démesuré. Tes lèvres s’étaient teintées d’une robe cardinale afin de recevoir les miennes en une festivité démente où les carmins se fondaient dans les ocres. Tes seins s’étaient métamorphosés en de molletonneux oreillers sur lesquels reposaient lascivement les silhouettes énigmatiques de mes fantasmes les plus intimes. Mon pénis en pénitence de ton vagin virginal priait tous les saints pour que le paradis se fît sur terre. Et, dans un indicible frisson extatique, une pluie d’ange se déversa sur la terre fertile de nos amours.
Il n’y avait de senteurs plus exotiques que celle du bois de tes soupirs, il n’y avait de goût plus profond que la caverne de tes désirs, il n’y avait de satin plus doux que les volutes de tes réflexions, il n’y avait de son plus agréable, que le chant mélodieux de tes émotions, il n’y avait de vision plus surréaliste que celle de ton âme se transportant dans l’éternité de nos amours. Nos âmes amantes s’étaient ébattues dans la volupté d’une nuit sans lendemain mais continuerait à jamais à virevolter dans l’arc-en-ciel de nos souvenirs affectés. J’allais m’évaporer de ta matière délicieuse, resterai cependant à hanter le dédale sans fin de tes pensées chrysalides. Je t’aime.
Le soleil susurrait ses mots tendres à l’oreille d’un nuage blanc qui lui couvrait la gorge en un drapé délicat. Des nuées d’oiseaux multicolores se pavanaient dans le ciel dont le bleu intense se reflétait sur la petite mare aux canards en contrebas. Dans le jardin il régnait une atmosphère légère de début d’automne, cette période rare où l’univers se penche sur le berceau de la terre et lui souffle son haleine de mansuétude. De mes petites mains aux doigts potelés, je caressais tes cheveux gris et courts en des mouvements amples et généreux, aussi généreux que mes émois pouvaient l’être envers toi. Tes yeux, d’un brun profond, me fixaient sans cesse, comme si tu avais peur que je ne m’enfuisse dans le dédale lugubre de l’oubli de toi. Mais non, pour tout l’or du monde, jamais je ne me serais enfui loin de ton être aimant. Ma peau aux senteurs si chaudes était tout contre ta peau, et de nous deux ne demeurait plus qu’un tout, une entité d’amour infinie. Mes lèvres s’étaient agrippées à tes tétons et tentaient de tirer les eaux grisantes qui se lovaient au sein de tes mamelles. Et tu me serrais si fort tout contre toi que je croyais que l’étreinte était synonyme de vie.
Tu m’étais sérénade des sens dans la brise de laquelle je flottais sans fin vers le paradis de ton amour. C’était entre les battements de ton cœur que je m’introduisais à nouveau en toi et vibrais de plaisir pour la simple raison que moi et toi étions réunis dans le centre des sentiments. Je ressentais tes émotions les plus secrètes, tu ressentais toutes les miennes, nous étions ce cœur, un cœur unique qui résonnait à travers les parois opalescentes de l’univers. Tu m’étais parchemin ouvert dont je tournais sans cesse les pages sur lesquelles étaient tracées à l’encre fragile tes idées les plus belles. Et de mes yeux fermés je pouvais distinguer les formes mystérieuses de ton esprit qui voltigeait dans les méandres de ton existence avec comme seule attache le petit être que j’étais. Mais si j’avais été le début, tu fus la fin ; mais il y avait une éclipse qui durait l’éternité entière ; mais ne demeurait plus en moi que le souvenir fragmenté de ton corps étendu, là, sous un linceul grisâtre. Et je vis ton âme quitter ta chair, quitter ma chair, toi qui m’étais si chère, et s’envoler vers le firmament glauque d’une nuit sans lendemain. Depuis, je n’avais fait qu’errer inlassablement dans la quête irréalisable de te retrouver dans le corps d’autres femmes. Je t’aimais… maman.
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Commentaires :
pseudo : Mignardise 974
je ne sais que dire. Je suis bouche bée. grand CDC !
pseudo : féfée
Magnifique, et d'une grande profondeur ! CDC
pseudo : w
Grand merci à toi Mignardise 974. Oui, féfée, le voyageur plonge dans les tréfonds des femmes qu'il aime pour mieux y trouver l'essence de celle qui, la première, à fait battre son coeur.
pseudo : Iloa
Ha Ben...Œdipe n'est pas loin ! Ceci dit...c'est merveilleusement bien écrit. Bravo !
pseudo : Androïde
Vice. Magnifique.
pseudo : w
J'ai en effet écrit ce texte en songeant au syndrome d'Oedipe ; c'est bien, Iloa, de l'avoir deviné. Merci Androïde, c'dest un vice qui a la vertu de demeurer purement artistique.
pseudo : damona morrigan
Très beau texte mon petit scribe. Merci CDC
pseudo : w
Merci damona. Je suis heureux de te revoir.
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