J’irais bien me poser, là, sur le toit du monde,
A épier discrètement la vie qui fait sa ronde,
Chercher une place au chaud qui voudrait bien de moi,
M’exiler un instant du vacarme où j’me noie,
Fuir la frénésie des villes qui me tourne la tête,
Et tous ces acteurs nés qui se fondent en courbettes,
J’prendrais bien la poudre d’escampette, ni vu, ni connu,
La poudre qui pique les yeux, dérisoire aperçu,
Et gagner tranquillement le large,
Peut-être bien à la nage, pourquoi pas à la nage?
Abandonner le smoking de la fille bien,
Costume trois pièce qui vaut plus rien,
Et l’illusion d’être bien née,
Sur laquelle se frotte la culpabilité,
J’irais bien me poser, là, sur le toit du monde,
Voir défiler le temps qui nous dévergonde,
Trouver un idéal qui me colle à la peau,
Mais l’idéal s’enfuit, il me tourne le dos,
Filer à l’anglaise par la porte de derrière,
Claquer la porte au nez à mes projets de carrière,
Ne rien savoir des règles qui recadrent et écrasent,
Non je ne veux pas m’enfermer dans cette case,
Quitter l’animation, théâtre qui joue mais qui porte pas de nom,
Désordre qui m’emporte, bordel imposant la capitulation,
Et j’me dérobe de la folie des hommes,
J’enfile une nouvelle robe, celle de la fille fantôme,
J’imagine un ailleurs qui serais différent,
Pourquoi pas foutre le camp, peut-être foutre le camp,
J’irais bien me poser, là, sur le toit du monde,
Et oublier les heures qui se savent vagabondes,
Et décamper à pas de loup dans la nuit noire,
Là où il n’y aura plus personne que je pourrais décevoir,
Ne plus connaître le béton qui m’entoure
Mais juste apprendre l’amour, juste apprendre l’amour,
Casser les murs qui se dressent entre nous,
Reconstruire un avenir qui me mettrais à genoux,
Briser les conventions qui font des politesses,
Faut pas nous prendre pour des cons pour jouir de nos faiblesses,
Et faire tomber ces hommes de lois,
Qui disent qu’il faudrait marcher droit,
Mais la droiture m’ennuie, j’voudrais un peu de folie,
Et dans ce tourbillon, j’me mets pas à l’abri,
J’irais bien me poser, là, sur le toit du monde,
Et dans cette idée folle, moi je succombe…