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La chute par cymer

La chute

   La chute:

 

   C' est l' histoire d' un homme désespéré, l' histoire d' un homme perché en haut d' une tour d' ivoire, que même un magnifique coucher de soleil ne ravissait plus. Un homme noyé dans sa tristesse et son désespoir, enlisé dans le non-sens de sa vie.
La course des plantes vers le ciel et le chant des oiseaux dans les nuages lui étaient complètement indifférents.
Lui qui avait passé toute sa vie dans l' étau de la grande ville, n' avait jamais réfléchit à la grandeur des montagnes ni à la profondeur des forêts, à la limpidité de l' eau des ruisseaux.

   Alors le long des vastes avenues bétonnées dépourvues de verdure, il courrait de taxis en métros, au milieu d' une foule de ses semblables, tous devenus fous. Aux pieds des immeubles et des gratte-ciel qui semblent refermer les portes au soleil s' animent des milliers, des millions de gens, qui coulent comme du sang contaminé dans les artères d' un corps malade.
Entre deux volutes de gaz gris on peut lire sur leurs visages, ternes et sans expressions, les différentes névroses de leurs vies.
Ces névroses, dépressions, mal-être de toutes sortes, forment la grande maladie du monde moderne, celle qui ferme les bouches et détourne les regards, celle qui fait pleurer dans l' ombre et crier dans les tissus.

   Cet homme était de ceux là, bouffé, rongé de l' intérieur de l' âme. Du haut du toit, au delà de quelques soixante-dix étages, il regardait droit devant lui, ne réfléchissant même plus aux causes de ses maux, il avait simplement décidé d' en finir.

   Pendant que les lumières s' allumaient progressivement dans les appartements, toujours à partir du bas vers le haut, l' homme avançait pas à pas vers le vide.
Il enjamba le parapet et retenu son souffle face à la rue en contrebas qui vacillait dans son vertige. Une effluve chaude remonta le long de la façade et effleura son visage, un dégoût qui le conforta dans ses idées macabres.

   Il ferma les yeux et se laissa aller, se laissa basculer comme un objet. Son corps s' éloigna dans les profondeurs de la rue et disparu comme dans l' obscurité d' un gouffre. Un temps de chute trés court qui paraissait une éternité, un instant suspendu dans un silence irréel, suivit d' un son sourd et de grands cris qui résonnèrent à travers l' agitation urbaine. Voilà, c' est fini, quelques secondes de chute et la fin, quelques secondes de vie, et la mort libératrice.

   Et puis le lendemain, les journaux afficheront un article et les gens se demanderont ce qu' il lui a prit de sauter de la haut, alors que la plupart ont déjà pensé eux même à ouvrir le gaz dans la cuisine ou à se trancher les veines dans la baignoire.

   Mais malgré tout, la vie suit son cours ailleurs, les plantes continuent de grimper sur les ruines, les marées effacent toujours les traces sur les plages, les bourgeons fleurissent encore au printemps, le soleil succède toujours à la pluie, la mort succède toujours à la vie, et il y a toujours des hommes qui vivent heureux avec pas grand chose, qui se trouvent plus proche de la vie que les autres.

 

 

                                                     M.A

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Style : Réflexion | Par cymer | Voir tous ses textes | Visite : 510

Coup de cœur : 8 / Technique : 10

Commentaires :

pseudo : féfée

Un message plein de justesse ! Et j'adore la dernière phrase qui résume toute ta réflexion... CDC