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La Princesse de Picebière
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Il était une fois sur la terre,
Dans le pays de Picebière,
Une princesse au cœur encore vert
Qui était pour tous un mystère.
Elle possédait un don envié
Celui de joliment rimer.
Si bien que les gens du comté
L'avaient surnommé Bouche Dorée.
Elle savait raconter les choses,
Les histoires d'enfants et de roses,
Faire chanter la rime ou la prose
Et imaginer comme nul l'ose.
Pourtant, gris était son bonheur.
Personne ne logeait en son cœur.
Ses rencontres, des vantards hâbleurs
Partis en laissant le malheur.
Elle en avait pris son parti
Lorsque le dernier se fut enfui.
« Je ne veux plus d'homme dans ma vie.
Les doux jeux de l'amour sont finis.
Ils me coûtent bien trop de souffrance
Ces noblaillons maitres de romance.
En eux, je n'ai plus d'espérance.
Adieu émois, adieu alliance. »
Or, vint à passer en territoire,
Dans le couchant ardant d'un soir,
Un bel et fier chevalier noir
Menant monture à l'abreuvoir.
Le bruit courait qu'il était prince.
Ses armoiries, deux paires de pinces
Sur les couleurs d'une autre province,
Ornaient son écu et sa bourse mince.
Il avait ouï dire qu'au royaume,
Belle Demoiselle chantait les psaumes,
Ses sentiments comme champs de chaumes.
Guerrier en eut tombé son heaume.
Il se para de beaux atours
Hauts en couleurs vives du jour
Et prit la route de la haute tour
Répétant en lui son discours.
Quand elle le vit, beau, flamboyant,
La belle sentit naître un tourment.
Plus vaste s'ouvrait le firmament,
Tel cœur en attente d'un amant.
Mais elle gardait le souvenir
Des jours passés sans un sourire.
Non, elle n'était pas à séduire,
Plus difficile à conquérir.
Pourtant que valent les intenses vœux
Au devant d'un être facétieux
Dont l'art de charmer est radieux ?
Rien moins que vide vertigineux.
Forte, elle résista néanmoins
Aux assauts du bellâtre chafouin
Qui prenait Amour à témoin,
Promettait clairs lendemains.
Après longtemps de résistance
Et mille mots doux et prévenances,
Elle s'ouvrit bien qu'avec méfiance
A l'homme et à son arrogance.
Princesse savait qu'en ses tréfonds
Sommeillait un terrible dragon,
Mais pensait dompter le démon.
Ses pleurs avaient clos leur union.
Pourtant, le doute avait grandi.
Une vieille dame l'avait averti :
« Chaque chose en ce monde a un prix
Ces larmes en auront un aussi. »
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R.D
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Style : Poème | Par Karoloth | Voir tous ses textes | Visite : 528
Coup de cœur : 13 / Technique : 14
Commentaires :
pseudo : lutece
Oh bravo, j'adore!! et toujours d'actualité car "même les princes ne viennent plus à cheval ils font toujours pleurer les coeurs des jolies dames" BIG CDC
pseudo : Luna-lune
j'adore. j'en veux encore !
pseudo : féfée
Rien que le titre fait rêver... CDC !
pseudo : JEAN PIERRE
Quelle douce poésie qui carresse mon coeur fané CDC XXL et chapeau bas l'Artiste !
pseudo : damona morrigan
Très beau ! Merci beaucoup. CDC
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