Emigrant de Iman Maleki (Peintre réaliste iranien, 2003)
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Devant notre petite maison, je lançais un petit ballon contre le mur des voisins, puis je le rattrapai dans l’air tel un gardien de but qui s’entraînait. Le quartier était étrangement vide des enfants qui avaient l’habitude de jouer dans les ruelles. Seul le bruit de mon ballon résonnait dans cet impasse où j’habitais. Soudain, sur l’avenue d’à côté, un taxi s’arrêta. Ça devait être sûrement quelqu’un de la famille puisque la voiture s’est arrêtée juste en face de notre maison. Je marquai une pause pour voir la personne qui allait descendre de la voiture. Le ballon tomba de mes mains et sans y croire, je courrai à toute allure vers cet homme élégant et vêtu de blanc tel un prince ou émir des contes de fées. C’était mon père ! Je me jetai contre lui tout essoufflé par la grande surprise puis il m’encercla par ces bras et passait affectueusement ses mains sur mes cheveux.. Mes yeux étaient fermés, mais je me souviens lui reprocher sa disparition inexplicable d’une voix très basse interceptée par des soupirs qui ont failli se transformer en sanglots :
- « Ô père ! où étais-tu ? tu n’es donc pas mort ?! »
- « Non fiston.. j’étais juste hospitalisé pour une longue durée. »
- « Viens avec moi à la maison.. ma mère est entrain de préparer du thé à la menthe comme tu aimes ! »
Dans notre modeste salon, j’étais assis à côté de lui, ma mère assise par terre à la façon traditionnelle de servir un thé.. Mon père racontait à ma mère des choses que je ne comprenais pas. Moi, je me suis contenté de fixer mon regard sur le visage de mon père, ses lèvres à peine visibles au milieu d’une barbe argentée et bien coiffée. Puis, je laisse mes petits doigts s’amuser avec cette barbe, la toucher pour m’assurer que c’était de vrai et non pas un rêve. Puis je m’adressais à mon père :
- « Tu sais père ! pendant ton absence, beaucoup de choses ont changé.. j’ai grandi, je suis devenu l’homme que tu espérais, j’ai une maison et des enfants.. »
Mon père ne faisait aucun commentaire, mais il scrutait profondément mon visage avec une grande admiration et fierté..
-« Ô père ! je suis fatigué, veux- tu que je mette ma tête sur ta cuisse ? »
Dès que j’ai posé ma tête, j’ai plongé dans un profond sommeil si délicieux et si magique après de telles retrouvailles..mais une lueur criminelle pénétra à travers la fenêtre et mit fin à mon univers fabuleux !
Je me suis réveillé..
Une fois encore, malgré ma détermination de lui toucher la barbe pour y croire, c’était juste un rêve ! le même rêve qui me rendait visite de temps à autre depuis la mort de mon père..
… il y a quarante ans.
Aïssa M., Juin 2010
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Style : Nouvelle | Par jad61 | Voir tous ses textes | Visite : 709
Coup de cœur : 13 / Technique : 9
Commentaires :
pseudo : Claire Selva
merci pour ce texte émouvant
pseudo : italogreco
quelle puissange dans tes mots j'en suis vraiment ému....grand cdc
pseudo : lutece
C'est vrai quelquefois ils nous "rendent visite" pour qu'on ne les oublie pas. Bravo ton texte m'a beaucoup émue
pseudo : kamijo
Oui beaucoup d'émotion... comme je vous comprends, il est beau de se savoir aimé même au-delà ... d'ici. CDC
pseudo : beau printemps
On ne peut oubier les parents car c'est une partie de nous-même.Merçi pour ce beau texte.
pseudo : beau printemps
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