Les petits boulots qui nous déboulonnent,
Les jeux d’enfants qui jouent plus le jeu,
Les jeux de grands, ô désaveu,
Comme un vêtement qu’on déboutonne,
Et les caprices qui apprivoisent,
Les francs sourires sans langue de bois,
J’pense pas la vie, j’ignore les lois,
J’dessine des cœurs sur mes ardoises,
J’me fais trop vieille pour ça,
J’me sens trop vieille pour ça,
Et j’me souviens mes amourettes,
Baisers pudiques, presque insensés,
Premières mains sous ma jupette,
Premiers chagrins, première blessée,
Les tournées de bars improvisées,
Rencontres fortuites vite oubliées,
Discussions sans queue ni tête,
Qui étourdissent le temps de la fête,
J’me fais trop vieille pour ça,
J’me sens trop vielle pour ça,
Ma gueule enfarinée que j’traîne en cours,
Clouée sur ma chaise, je rêve, je guette,
Autour de moi triste spectacle de marionnettes,
J’me plairais plus à te parler d’amour,
Et dame morale qui pointe son nez,
Des directives qui m’font me courber,
Murs invisibles qui barricadent,
La vie ,la vraie, une embuscade,
Mes rêves de gosse ont foutu l’camp,
Ils ont filés sans laisser de traces,
Au jeu du chat moi je m’efface,
Bien trop mauvaise pour les bilans,
J’me fais trop vieille pour ça,
J’me sens trop vieille pour ça,
Noircir les pages de ce vieux cahier,
De mes révoltes vite avortées,
De mes pensées insignifiantes,
Mais tellement libres parce qu’innocentes,
J’troque mes cahiers contre formulaires,
J’troque les journées de cours contre vrai boulot,
J’ai besoin d’air, j’ai besoin d’air,
J’ai arrêté le jus d’orange, j’passe en mode expresso,
J’me sens trop jeune pour ça,
J’me fais trop libre pour ça.