4) Guerre et paix
Mais sa joie ne dura que le temps d’un souffle de sérénité sur ce monde de haine. A peine eut-elle inauguré l’Institut du Radium dont elle prit la direction du laboratoire de physique-chimie, que la guerre fut déclarée dans les vapeurs âcres des clameurs de souffrances. Elle fut mobilisée, comme quoi les femmes avaient leur importance… durant des conflits décrétés par les hommes. Loin de fuir ses obligations, elle s’appliqua pleinement dans son nouveau travail en concevant rapidement dix-huit unités chirurgicales mobiles, les fameuses « Petites Curies », qui purent se rendre très près des champs de combats et limiter de ce fait les longs et dangereux déplacements des blessés. Elle se spécialisa dans la prise de radiographies et, à l’institut du Radium, forma une multitude d’aides-radiologistes. Deux ans après le début de la guerre, dans l’impulsion de l’envie de se rendre utile pour ceux qui souffraient, elle partit même sur le front pour réaliser des radios. La guerre prit enfin fin. Du tumulte de la violence ne subsista que la légèreté du silence dans l’univers des ses recherches scientifiques sempiternelles. Elle réoccupa son poste à l’institut du Radium, qui prendrait un jour le nom de Curie, avec comme nouvelle assistante sa propre fille, Irène. Elle avait engendré une femme de tête…
Parmi les nombreux événements qui émaillèrent sa vie studieuse les années suivantes, il y eut celui qui se déroula aux Etats-Unis. En effet, le 20 mai 1921, suite à une collecte de fonds auprès de milliers et milliers de femmes américaines qui fut estimée à 100 000 Dollars (environ 1 million de Francs Or), une association lui acheta un gramme de radium à l’usine de Pittsburg. Marie fut comblée car, justement, cette substance lui faisait cruellement défaut. L’année suivante, alors qu’elle était déjà membre du comité physique de Solvay, elle participa à la Commission Internationale de la Coopération Intellectuelle organisée par la Société des Nations. Son investissement fut reconnu par tous comme un élément clé de la réussite de cette opération. Et le manège continua à tourner, encore et toujours, faisant passer et repasser bons et mauvais moments. Les femmes américaines lui offrirent à nouveau, en 1929, un autre gramme de radium dont cette fois-ci, en hommage à son enfance évanouie et à sa famille disparue, elle fit legs à l’université de Varsovie.
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