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La Première ! (dernière partie) par w

La Première ! (dernière partie)

 

5) Le crépuscule illuminé d’une déesse

 

       Elle avait vécu par son travail et… elle en mourut ! Suite à une trop grande et répétitive exposition aux éléments radioactifs, Marie Curie fut atteinte d’une leucémie dont elle ne découvrit l’ampleur qu’à un stade trop avancé. Malgré sa faiblesse, ce qui n’étonna personne dans son entourage, elle continua d’assurer la direction du laboratoire de physique-chimie de l’Institut du Radium sans rien ne laisser paraître. Elle se savait pourtant condamnée à court-terme mais, si elle s’était battue dans la vie, elle se serait battue aussi dans l’ombre de la mort imminente. Ses gestes se firent plus lents, ses yeux se couvrirent d’un flou, ses rares mots se firent hésitants, son esprit se fit moins vivace et tout d’elle se recroquevilla en une boule de souffrances. Never complains… En 1934, épuisée, elle prit pour la première fois de sa vie un long congé de telle sorte qu’elle pût se rendre au sanatorium de Sancellemoz en Haute-Savoie et s’y faire illusoirement soigner. Rien à faire. Le quatre juillet, après une agonie longue et horrible durant laquelle elle se battit contre l’inéluctable avec une volonté inouïe, elle poussa son dernier soupir durant l’écriture d’une nouvelle théorie sur la radioactivité. La lumière vive se fit clair-obscur et, s’étant extrait de la pénombre, quatre ombres familières s’approchèrent lentement d’elle : celles de sa mère, son père, Sofia et, comme avènement d’un bonheur posthume, celle de Pierre qui l’enlacèrent telle une nuée de volutes de brouillard coruscants autour d’une montagne corrodée. Et Marie laissa derrière elle l’univers riche et fécond qu’elle avait crée afin de s’avancer lentement vers les tréfonds d’une lueur mystérieuse au bout d’un couloir lugubre…

 

        Marie Curie défia tout sexisme en s'imposant en tant que femme dans un univers d’hommes et devant des difficultés apparemment insurmontables. Elle ne se considérait pourtant pas comme une féministe, pensait d’ailleurs que le terme de « suffragette » était une insulte sexiste faite aux femmes qui souhaitaient obtenir le droit de vote. Elle avait toujours affirmé que rien dans sa notoriété et son élévation professionnelle n’était dû au féminisme croissant de l’époque, que tout provenait des uniques fruits de son travail acharné. Marie Curie devint la plus grande figure féminine de l’histoire des sciences et l’une des femmes les plus marquantes de tous les temps. Dans son domaine, elle était devenue… la première !

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Style : Nouvelle | Par w | Voir tous ses textes | Visite : 427

Coup de cœur : 9 / Technique : 12

Commentaires :

pseudo : kamijo

Cher ami, je comprends après la lecture de la dernière partie de votre histoire, que la reine aime vous lire, vous savez parler des femmes. Je vous promets de la relire depuis le début dès que je pourrais prendre le temps de m'y abandonner en toute tranquilité. Je vous félicite pour votre belle plume et également pour la création de votre fan club par la reine.

pseudo : Iloa

Merci W. C'est un Bel hommage pour une femme d'exception. Je savais d'elle ce que tout le monde sait et ton texte m'ouvre une autre face de sa vie. Celui de continuer son chemin contre vents et marées...Merci encore. Bises.

pseudo : w

Merci bien kamijo, votre commentaire me fait chaud au coeur. Et j'apprécie la reine à un point inimaginable. Merci Iloa, réécrire sa vie m'a été un plaisir immense, surtout du fait de son parvours si volontaire et hors du commun.

pseudo : lutece

Une fois de plus, j'ai lu tes volets à la suite, sans m'arrêter tellement je suis prise dans cette histoire. Vraiment un bel hommage à une femme hors du commun. Merci pour ton oeuvre! CDC

pseudo : w

MErci à toi pour ce message si chaud à mon coeur. Il y a des destins qui sont pris en mains, comme ce fut le cas pour Marie Curie. Elle s'est forgée son futur. Et je suis sous le charme de cette femme.