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La Première ! (2nde partie) par w

La Première ! (2nde partie)

 

La première !  (2nde partie)

 

 

2) Premières années à Paris

 

        Les saisons avaient défilé sur la Pologne comme autant de caresses sur la peau d’un amant transi. L’autre sœur de Maria, la pugnace Bronia, avait depuis longtemps fuit la clameur des canons afin d'ouïr le chant mélodieux de la Seine qui s’écoulait langoureusement entre la rive droite et la rive gauche de la cité incandescente. Au bout de tant d’années de combat contre la fatalité, elle put enfin acquérir son indépendance financière, ce qui l’incita à envoyer une lettre à Maria dans laquelle elle l’invitait à la rejoindre. Peinée d’abandonner là son vieux père, la saine ambition de cette dernière pesa plus lourd sur la balance : elle prit la décision de quitter sa terre natale pour s’en aller au loin, dans l’aura scintillante de la ville de lumière. Un tourbillon étrange se répandait en son for intérieur, cette tourmente en guise de préambule au bonheur suprême à venir.

        A peine installée chez sa sœur, Maria s’inscrivit dans une université de telle sorte qu’elle pût suivre des études en mathématiques et sciences physiques. Besogneuse, elle s’échina au labeur, s’acharna à tout connaître sur le bout de ses ongles courts, à tout comprendre de ce que la science pouvait lui apprendre. Sous le regard jaloux de ses camarades de classe, tous des garçons, elle monta sur l’estrade lorsque son nom fut déclamé. Nulle acclamation pour elle, juste des quolibets murmurés, mais en elle applaudissaient les battements de con cœur. Elle avait finalement terminé première de sa promotion et obtint, quelques temps plus tard, sa licence ès-sciences mathématiques en se situant à la seconde place des reçus. Seconde… derrière un homme. Plus pour longtemps !

        Malgré son abyssale timidité, elle trouva le courage d’aller vers Gabriel Lippmann, très sceptique quant à la présence de femmes dans son équipe, et de le convaincre de rejoindre son Laboratoire de recherches physiques. Ce fut là, au cours d’un printemps chaud et humide de 1894, en manipulant des éprouvettes, que les doigts de Maria frôlèrent ceux d’un homme, un dénommé Pierre Curie qu’elle remarqua pour la première fois tant ses études lui prenait toute son attention. « Attention ! » se dit-elle, mais il était trop tard : cette rencontre n’était pas une rencontre, c’était La rencontre, celle de la femme qui trouve son homme après des années et des années d’errance dans les couloirs blanchis à la chaux de la solitude studieuse. Un homme qui la reconnut pour ce qu’elle était : une femme… douée et dotée de talents énormes. En deux regards croisés qui brûlaient de désir, ils échangèrent leurs sceaux à Sceaux le 26 juillet 1895. La science était la raison d’être des pensées de Maria, mais la passion eut raison de son cœur. Par son mariage contracté, elle put obtenir sa naturalisation française sous le nom de Marie Curie. Elle ambitionnait cependant bien plus qu’un statut, elle voulait ardemment graver ses prénoms et patronyme dans le marbre de l’Histoire.

        Bien loin de délaisser son travail pour la douceur des bras de son ami amant aimé, elle se mit à travailler en sa collaboration et, un an plus tard, après des efforts surhumains, elle fut reçue première à l’agrégation de physique sous les yeux médusées d’un collège d’homme qui ne pouvait croire qu’une femme pût réaliser un tel exploit. Elle dut endurer des souffrances bien plus fortes que celles du travail acharné afin de donner naissance  à sa première fille, Irène, qu’elle couvrit de baisers, qu’elle couva de tout son amour, elle, la cérébrale aux sentiments puissants. Un mari. Un bébé. Et tant de travail encore à accomplir…

       En décembre 1897, à l’Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielle de Paris, Maris Curie commença ses travaux de thèse sur l’étude des rayonnements produits par l’uranium en utilisant pour la première fois au monde le terme de « radioactif » pour le désigner. Elle et Pierre durent réaliser leurs travaux complexes dans un laboratoire de fortune, un vieil hangar désaffecté, dépourvu du moindre confort, qui ressemblait d’ailleurs à une étable mal-entretenue aux odeurs nauséabondes. Malgré ces conditions sévèrement difficiles, les travaux se poursuivirent et, le 18 juillet 1898, vous annonciez tous deux la découverte du polonium, nom donné à cette substance inédite en hommage à sa patrie natale. Quelques mois plus tard, le jour de Noël, vous annonciez la découverte du radium, privant ainsi tous les autres scientifiques d’un jour de repos pour les obliger à éplucher votre texte scientifique qui relatait les tenants et aboutissants de cette découverte stupéfiante. Après bien des efforts accomplis, Marie devint professeur agrégé à l’Ecole Normale de Jeunes Filles de sèvres deux ans plus tard. Mais son ascension parmi la caste des mâles dominants n’allait pas s’arrêter en si bon chemin…

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Coup de cœur : 9 / Technique : 10

Commentaires :

pseudo : lutece

Grand destin d'une Grande Dame que tu nous décrit là. Merci de ce partage! CDC et Tech

pseudo :

Oui, lutece, une femme immense dont le destin a été façonné de ses propres mains. Un exemple pour toutes les femmes, une exemple pour l'humanité entière. Je t'embrasse

pseudo : damona morrigan

Mon petit philippe tu choisis bien tes sujets... tu sais parler aux femmes ! No, ton texte est très bien écrit, c'est toujours un plaisir de te lire, merci à toi ! CDC

pseudo : w

Merci pour tous ces compliments, damona, qui me vont droit au coeur en espérant que le tien aura vibré pleinement à la lecture de mes mots. Un baiser tendre sur tes joues et celle de lutece évidemment :!!!

pseudo : damona morrigan

Un baiser doux à toi aussi mon cher, ta réponse à lutèce sur ton âme culpa m'intrigue, comprends pas ! Tu vas bien?

pseudo : w

Baiser à toi damona. Nt t'inquiète pas, le géant que je suis s'envole peu à peu vers la cime de la plus haute montage, celle d'almour, pour y rejoindre don ange-femme. Et que la vie est belle !