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La Jument Noire (dernière partie) par w

La Jument Noire (dernière partie)

 

       Le crépuscule, des ses doigts crochus, avait griffé le paysage en un bleu marine asphyxiant. Et ce fut pourtant à ce moment précis que je pus respirer comme jamais je ne l’avais fait auparavant : l’air frais pénétrait dans mes poumons, me vivifiait, m’éclaircissait les pensées et s’extrayait de moi en un souffle pur et évanescent. A l’ombre de ton âme je me rendais à présent compte de tout le mal que je t’avais fait endurer tout au long de ces cinq longues années. Et tes yeux humides se redéposèrent sur moi telle la profondeur d’un océan qui aurait englouti le frêle esquif de ma vaine mégalomanie. Je n’avais plus aucun pouvoir sur toi, sinon celui de te rendre la liberté. Mes prunelles répondirent aux tiennes en te donnant, pour la première fois, tout l’amour que j’avais reçu de toi jusqu’à ce jour. Je n’étais plus Philippe, celui qui aime les chevaux, j’étais à présent Hippolyte, celui qui délie les chevaux. Et, délicatement, dans les fragrances légères d’une vie qui renaissait, je me décidai à t’ôter, l’un après l’autre, chaque élément de ton harnachement funeste.

       Dun geste lent, j’ouvris la barrière en bois de la clôture. Toi, Épona, à présent dévêtue de tes oripeaux métalliques, tu avais retrouvé la splendeur d’entant, celle des équidés libres. Tu me jetas un dernier et long regard puis, d’un bond puissant, tu t’élanças et te jetas dans l’interstice emplie de plénitude qui venait de s’ouvrir à toi. Tu passas devant moi à une vitesse indescriptible et inattendue, dépassa la frontière de la clôture ; et trépassa en moi cette longue errance qu’avait été mon statut de maître. Tu t’en allas ainsi, au galop, dans l’étendue pleine de l’horizon, en direction de l’est, vers des pâturages infinis où nulle barrière ne pourrait plus jamais t’entraver. Là-bas, aux tréfonds de l’éternité, tu rencontreras certainement une harde de chevaux de Przewalski, animaux libres et heureux, avec lesquels tu chevaucheras sur l’éternité verdoyante en ce printemps nouveau, saison des amours. Peut-être, ce serait drôle, rencontreras-tu un zèbre que tu aimeras plus que tout, avec lequel tu auras un petit zorse menu et mignon que tu élèveras dans la joie. Et vous profiterez tous trois du droit qu’à chaque être vivant d’exister en parfaite indépendance de l’Homme.

       A présent délivré du poids pesant des remords, des larmes coulèrent sur mon visage souriant, avant que je ne prononce à haute voix mes premiers mots de la journée : « Épona, je te laisse t’en aller… puisque je t’aime. »  Et alors que la lune argentée faisait baigner le paysage dans le lac moiré de la félicité, je vis ta silhouette énigmatique se fondre dans l’horizon du lointain.

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Style : Nouvelle | Par w | Voir tous ses textes | Visite : 287

Coup de cœur : 8 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : damona morrigan

Waouh, je reste là à chercher les mots pour te dire ce que je ressens après la lecture de ton histoire... je n'en trouverais pas d'assez bien pour te le dire... Que c'est beau, que c'est beau ! Merci mon petit scribe, je t'adore !

pseudo : lutece

Oh merci pour ce dessert dominical, j'avoue que j'attendais avec impatience la suite et fin et suis comblée. Et j'aime ta morale "le droit de chaque êre vivant d'exister en parfaite indépendance" Merci pour ce somptueux cadeau et bien sûr BIG CDC

pseudo : Iloa

Celui qui aura lu ton texte, ne regardera plus jamais un animal avec le même regard. Cet homme a fait un grand chemin dans sa tête et sa souffrance n'a pas d'autre égal que l'Amour." Je te laisse t'en aller puisque je t'aime. " C'est bien un chef d'œuvre que tu as pondu là ! Les éditeurs auraient ils de la " merde de cheval " dans les yeux ?...

pseudo : damona morrigan

Ô merci iloa, merci pour w. Franchement, il le mériterait, la publication ! Et re-CDC !

pseudo : w

damona, je suis si heureux que tu ressentes tant d'émotions à la lecture de ma nouvelle qui, je dois bien l'avouer, m'a demander pas mal d'efforts. Je t'adore aussi ma damona morrigan adorée. lutece, je te remercie pour ton commentaire si affectueux qui me touche sincèrement. Iloa, je t'embrasse pour tes mots si doux et te signale que je n'ai pas présenté, pour l'instant, de nouvelles aux éditeurs, juste mon roman. Ce dernier est bien moins écrit et en plus est très auto-biographique, ce qui n'intéresse pas les publishers à moins qu'il ne s'agisse d'une star évidemment. JE vous envoie à toutes des bisous.

pseudo : damona morrigan

Mais tu es une star, very big star !

pseudo : w

J'ai toujours rêvé d'être uné étoile au beau milieu de l'étale du marchand de pléintude... Je t'adore belle dam...ona.

pseudo : eglantine

Une belle histoire d'amour mystérieuse entre l'homme et l'animal, un duo hors du temps qui enveloppe l'être d'un sentiment délicieux. W tu as le talent d'un narrateur qui nous emmène vers un monde merveilleux où la liberté est un bonheur sans fin.