Quelques asociaux souhaitant vivre en autarcie loin de cette société de fou, élevaient quelques vaches dodues et poules grasses puis ensemençaient quelques hectares de terre vierge. La campagne encerclait la ville. Cependant un côté était réservé aux cultures et entreprises mondaines et riches tandis que l’autre côté était pour le reste de la population n’ayant pas le luxe de s’offrir de la viande tous les jours et des petites gourmandises caloriques et sucrées. Les terres n’étaient pas cultivables à cette période de l’année, donc laissées en jachère. Elle longea rapidement les terrains nus pour aller s’enfoncer dans la forêt .

Dès la lisière, les ronces s’entortillaient autour d’imposants arbres dévêtus, formant une barricade. Un brouillard cotonneux venait caresser leur cime, cachant un timide soleil vitreux. Le givre faisait scintiller les feuilles mortes qui gisaient au sol, quelques fourmis déambulaient envers et contre tout, grignotant d’infime particule. Chacun de ses pas les faisait craqueler, trahissant sa présence .Quelques carcasses d’animaux coincés dans les pièges des braconniers étaient étendus, durcies et à demi rongés par les termites affamées .Tandis que les autres agonisaient en poussant de longs cris plaintifs et emplis de désespoir.

S’arrêtant devant ce décor hostile, elle hésita un moment puis sortit son sabre. Tranchant uniquement les branches de ronces qui lui seraient utiles pour se frayer un chemin, elle se guida de façon auditive. Se trouvant face à face avec un marcassin qui s’était coincé la patte dans un piège, elle se baissa, rassura l’animal puis le libéra. Sa patte saignait abondamment, elle arracha un bout de son maillot puis lui fit un garrot et alla se perché dans un arbre, sachant pertinemment que sa mère reviendrait. Une heure plus tard, ayant vu ce qu’elle voulait voir, elle sauta à terre puis reprit son chemin, s'engageant d’avantage dans les broussailles menaçantes.Satisfaite de cette journée à l’état sauvage, elle allait pouvoir vaquer à sa vie nocturne. Sa boufée d'oxygène était prise.