- Je t'embrasse.

Et mille étoiles s'allument, voilà ma nuit d'été et sa fraîcheur absolue, voici la douce accalmie de mon imagination, voilà cette douceur languissante qui me réduit à ce que j'aime seulement. Mais qu'y a-t-il derrière un baiser innocent ? Le geste est minimal, probablement celui de la journée qui demande le moins d'efforts physiques, certes mais il relie l'intérieur de soi à l'autre, c'est un trait d'union en forme de bonbon , c'est une passerelle entre le coeur et le corps.
Mais il y a plus que ça. Il y a, avant le baiser, toutes les questions que l'on se pose, tous les tressaillements de la chair que la raison masque, il y a cette respiration au rythme changeant, il y a aussi ce que l'autre va comprendre, ce qu'il va croire et toutes les barrières que l'on doit lever pour donner ce baiser, il y la mémoire de tous les baisers, les baisers offerts, les baisers volés, les baisers trompeurs, les baisers sanglotant, les baisers perdus, ceux qu'on ne peut plus donner, ceux qui ne peuvent plus se former, et dans cette mémoire se forge le baiser à venir, le modèle des prochains, plein de vie, plein d'en-vie, plein de rire, pleins du désir, et ce baiser que l'on a modelé tout au long de son existence, avec ses pleurs et ses chagrins, avec ses demandes et toutes les fausses réponses qu'on a pu faire, avec ses choix, ce baiser s'envole au delà de soi. Et qu'y a-t-il de l'autre côté du baiser ? Une même personne qui se pose les mêmes questions et qui a la même mémoire. C'est la magie de ce cadeau : se dire entre soi que l'on est une même nature et que les corps le sentent bien, même si l'on est incapable de le voir, ou de le vouloir. Et quand on est loin ? C'est encore plus merveilleux, parce que le baiser est réfléchi et qu'il dure encore plus longtemps. La majesté du baiser est de partager la vie.
Alors embrasse-moi et embrasse-moi encore, c'est si bon de vivre.