Sous un soleil à son zénith qui crache sur moi ses rayons enflammés, je marche depuis une éternité dans ce désert aride dont l’horizon est voilé par une tempête de sable qui tourbillonne tout autour de moi. Je suis perdu. Je suis seul. A bout de forces, je fais encore quelques pas avant de tomber à genoux, je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Alors que je suis sur le point de défaillir, je lance un appel au secours dans le silence de cette journée incandescente. Ma plainte résonne sur les hautes dunes qui m’environnent. Tout d’un coup, je perçois comme un écho, un cri qui répond au mien. Quelques instants plus tard, c’est bien mon prénom que j’entends, un « Philippe » lancé par je ne sais qui. Je me relève et commence à marcher vers l’endroit d’où émane cet appel.

       Au bout de quelques minutes, tandis que la tempête de sable se désagrège lentement, se dessinent soudain des palmiers au loin. Est-ce un mirage ? Mon inconscient me fait-il voir une forme de vie virtuelle pour combler mon esseulement ? Non, je ne le crois pas. Je commence à courir vers cet ilot de nature perdue dans cet empire de désolation. Bientôt apparaissent des buissons, de l’herbe, un plant d’eau. C’est une oasis. J’aperçois avec stupéfaction quelqu’un qui est assis au bord de l’eau. Je m’approche. Je le reconnais, c’est lui.

       Errant dans l’univers de mon isolation, je m’étais persuadé que nul ne pourrait m’en sortir. Je me trompais, tu es là. C’est mon ami, un être qui sait m’écouter et me comprendre. Je suis ton ami aussi. Je connais tes problèmes, mais ne veux pas en parler ici ; ce sont tes secrets, et je ne les dévoilerai pas. Je te prête simplement mon oreille et tente, aussi bien que je le puis, de te donner du réconfort lorsque tu te sens mal. Tu auras beau te dissimuler derrière une carapace, je sais bien que tu es quelqu’un de sensible, un écorché vif qui se laisse facilement submerger par les gigantesques vagues de ton émotivité. Tes émois, moi, je les entends. Et même si tout est éphémère en ce bas monde, je suis certain que notre amitié est indestructible tant les liens qui nous attachent sont solides. Oui, ma solitude est brisée, j’ai un ami à mes côtés. Tu es là.