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Dans une jolie maison... Partie 1 par Rackma

Dans une jolie maison... Partie 1

 

 

Dans une jolie maison…

 

            Imaginez,  un cadre idyllique ; le cadre idyllique dans lequel va se dérouler notre drame. Une petite colline verdoyante, avec une jolie petite maison en pierre dessus. La maisonnette se trouve à la frontière d’une charmante forêt toute touffue, qu’elle semble vouloir dissimuler derrière ses murs, sans y parvenir. Et la pierre blanche de la jolie maison, dessine, en contraste sur l’azur du ciel, la jolie silhouette d’un château de conte de fée. Le cadre parfait pour raconter Cendrillon ou Peau d’âne. Pour ajouter à la jolie histoire, je tiens à préciser que la jolie petite maison est habitée par une gentille petite vieille, bien connue dans le village à côté. Toujours souriante, généreuse et serviable pour ses voisins. C’est la vieille dame du village, toujours présente aux réunions du conseil municipal, toujours active  pour les manifestations, les fêtes qui se déroulent dans le bourg et dans les environs. Les gosses n’hésitent pas l’hiver, à faire une demi-heure de marche dans la neige, pour lui souhaiter un joyeux noël et pour faire de la luge sur la petite colline blanche. L’été, ce sont les piques nique, et autres repas qui s’y déroulent. La petite vieille, c’est  la grand-mère de tout le monde. Elle a vu naître des générations entières, et a même aidé pour certaines des générations les moins jeunes. Elle connaît le nom de tous ceux qui vivent dans le coin. Elle a toujours vécu ici. Personne ne se rappelle, quand elle est arrivée. C’était il y a beaucoup trop longtemps. Faut dire que la bâtisse n’est pas toute jeune non plus. On dit toujours, qu’elle date d’avant la guerre. Le tout est de savoir laquelle.

                Alors notre petite vieille, elle vit là toute seule, depuis la mort de son mari. Elle se débrouille. Elle cultive son petit potager, élève des volailles pour sa consommation personnelle. Elle a aussi une biquette pour le lait. Tous les matins, M. Fallot, le facteur, lui amène son courrier et le cas échéant, le pain de M. Levais ou encore une viande rouge de chez M. Coupet. Elle vit aussi de sa petite retraite d’ouvrière et de celle de son mari, l’ancien médecin du coin. On lui a installé l’électricité et l’eau courante, il y a environ une quinzaine d’année… mais poussée par l’habitude, elle continue à aller chercher de l’eau au puit, exaspérant son fils, ingénieur travaillant dans une ville.

Elle le considère comme un esclave de la technologie, et lui, fils aimant,  la voit, comme sa vieille petite maman, qui commence à avoir un grain. C’est la galère avec sa femme quand il faut venir voir sa mère. La belle fille n’aime pas trop (pour rester correct) ce petit trou au fond de la vieille France. Ce coin paumé qui sent, sans contestation possible, la nature, la vraie (ah ! Quelle est loin notre chère pollution ! ) .  Mais tout ça, sera bientôt fini. Elle ne nous emmerdera plus avec sa vieille ferme toute pourrie. Elle lui a dit la belle fille à son tendre époux. Il n’est pas question qu’elle passe ses vacances au fin fond du désert rural. Et puis de toute façon, la vieille devient largement gâteuse. Elle ne peut plus vivre dans ces conditions. Il lui faut des personnes pour s’occuper d’elle. Il faut la mettre dans une maison de retraite. La vente de la baraque paiera les dépenses.

Elle n’a pas tord sa femme, alors il se laisse convaincre, et en parle à sa mère, en lui disant que ce sera mieux pour elle, qu’elle ne sera plus seule.

« Mais je ne suis pas seule, lui répond-elle, avec un grand sourire.

--Je sais bien que les gens du village viennent te rendre visite, mais ça ne suffit plus. Il faut que des personnes puissent être avec toi, même la nuit.

--Oh ! Mais… je ne suis pas seule. Il y a Octave.

--Tu vois, dit la femme à voix basse, elle est folle ta mère. 

--Ma fille, je ne suis ni folle, ni sourde. Je te remercie.

--Maman, Octave n’existe pas. Il faut que tu te rendes … »

 

La discussion s’engage interminable tant l’obstination de la petite vieille s’oppose aux arguments apparemment fondés, mais intéressés du couple. Elle ne cesse de leur répéter qu’elle ne peut pas laisser son ami Octave tout seul. Et à la fin, lasse de toutes ces discussions, elle finit par céder. Elle partira avec eux, et les laissera vendre la maison, vendre une partie de sa vie, une partie d’elle même. 

Très vite la nouvelle se répand. Monsieur Matignon, le maire de la commune, vient demander confirmation de la rumeur, qu’il a entendu, et assure, de son air bedonnant, à la petite vieille souriant tristement, qu’elle sera amèrement regrettée. Alors qu’il se dirige vers la sortie, raccompagné par le couple, la petite vieille l’interpelle et lui donne une petite enveloppe, qu’elle vient de prendre dans le tiroir d’un buffet stationné dans le vestibule. Le maire regarde le destinataire qui se trouve être « La personne qui achètera la maison sur la colline ». Il promet à la vieille femme, qu’il n’oubliera pas et quitte la maison, pour ne plus jamais revoir la petite vieille.

Elle, quitte son paradis le lendemain. Elle appelle Octave, pour lui faire ses adieux, mais son ami ne se présente pas, préférant pense-t-elle bouder dans son coin, le départ de la maîtresse des lieux.

 

Mais il ne boude pas. Il préfère juste ne pas se montrer. Tout mort qu’il est, il a peur de ne pas supporter la perte abstraite de cet être cher. Il la regarde partir à travers les carreaux de la petite maison, dans une belle voiture climatisée. Il la regarde, et une fois qu’elle a disparu, il s’assoit sur un vieux fauteuil dans le grenier. Il ne peut partir avec. Il pense ne pas pouvoir quitter la maison. Une partie de son âme lui est désormais certainement attachée, et il la perdrait. Il se perdrait.

De plus, il ne sait pas pourquoi, mais il sent qu’il doit rester là. Il a le sentiment que c’est ici qu’il doit accéder à la rédemption. Il n’a jamais vraiment su ce qui l’avait  poussé vers cette maison il y a tant d’années. Ou plutôt il sait, mais n’a jamais réussi à croire qu’une voix avait influencé la plupart de ses décisions de vivant, son engagement dans l’armée, le meurtre d’un salaud d’officier, la désertion et la fuite vers cette maison, dans laquelle il avait perdu son sang, du fait d’un trou laissé par la balle d’une sentinelle française. Il ne veut pas croire à cette voix, et pourtant elle lui a dit de venir ici, sans jamais lui avoir dit d’en repartir. Alors il se dit que c’est ici que doit s’accomplir son destin, que doivent être pardonnés ses pêchers. Oh, ce n’est pas pour la mort du capitaine, mais il a fait d’autres choses dont il n’est pas fier. Alors, comme la voix lui a dit de venir ici, sans jamais lui avoir dit de partir, il ne veut, et ne peut partir.

 

Alors il s’assoit dans un fauteuil et commence à attendre. Une attente interminable. Au début il entend les rires des gamins qui continuent à venir jouer autour de la maison. Mais pour eux, ça n’a plus le même charme, alors ils arrêtent, parce que le plaisir de venir voir la petite vieille avec ses gâteaux n’y est plus. Puis sachant le lieux déserté, ces mêmes gosses, devenus ados reviennent bientôt, le samedi soir en couple, pour se bécoter, se foutant du regard paranormal, mais bienveillant, qui les observe. Puis les ados deviennent grands, ont quitté le coin pour ne plus revenir, perdant le chemin de leur origine et avec lui, celui du culte de la vieille maison. Alors, ça devient un lieu de rencontre pour une nouvelle catégorie d’individus, des drogués toxicos, des gothiques, des paumés… des squatters. Bientôt on fait mettre de l’ordre dans tout ça, la gendarmerie passe, fait des contrôle, embarque du monde. Les gens viennent, passent, repartent.

 

***

 

Octave ne s’est jamais senti aussi seul, dans toute son existence, que ce soit de son vivant ou après. Pour lui, le temps file infini, éternel. Ca n’est pas le cas de la maison, qui commence à subir les affres du temps. La toiture commence s’affaisser, la pierre est attaquée par le lierre, et s’effrite même en certains endroits, le bois des volets, pourrit et commence à se fendre. Il y a même des tags et des graffitis à certains endroits. Les souris courent partout, les rats aussi. Parfois, on peut voir passer un lapin, une belette, une fouine, un renard. A certaines périodes, ce sont des biches et des faons qui s’approchent, et parfois même des acheteurs potentiels. Mais ils repartent toujours, découragés par les dimensions herculéennes, dantesques de l’ouvrage à fournir.

Oui ils repartent toujours, jusqu’à ce qu’un jour, Octave entende la voix d’un Homme dire :

« Il y a pas mal de boulot à faire, mais ça ne me fait pas peur. Par contre, je vous l’achète pour la moitié de ce que vous demandez. »

Et c’est l’accord.

Après tout va très vite, l’Homme, apparemment célibataire, la quarantaine revient, avec une grosse voiture et une caravane. Il semble décider à dormir sur les lieux et à retaper la maison lui-même.

La première étape, c’est de foutre au feu, tous les bois pourris. Il enlève les volets et les portes. Il monte sur le toit, et donne le coup de grâce à la couverture. Il démolit tout ce qui est corrompu, ne gardant en réalité que les murs principaux. La deuxième étape est la désinfection de ce qui reste, et l’extermination des nuisibles. Pour la troisième étape, il consolide, et reconstruit, jusqu’à arriver à la quatrième étape de l’aménagement, intérieur et extérieur.

               Pendant toutes ces étapes, Octave, l’esprit, observe son nouveau « co-locataire ». Pendant les six  ou sept mois qu’ont durés les travaux, il ne s’est pas montré. Il veut d’abord savoir à qui il a affaire. C’est un homme solitaire, pour qui la seule activité semble être la reconstruction de la maison. Octave aime bien ce réaménagement, qui laisse une belle place à la lumière en favorisant la pose de grandes baies vitrées donnant sur le devant de la maison, à l’est.  Octave observe les matériaux modernes que l’homme a utilisés, des doubles vitrages, des matières isolantes, un sol chauffant. Il a même aménagé la cave. Il a fait une sorte de petite chambre, d’où aucun son ne peut sortir une fois la porte fermée. Ce qui est étrange, c’est que dans le mur, sur le côté du lit, derrière une glace sans teint, qu’il peut décrocher, se trouve un objet, dont la petite vieille lui avait parlé. C’est une caméra, qui permet de capter l’image d’un instant, l’instant présent. L’objet et le lieu de son installation paraissent étranges au fantôme, mais en même temps il est plutôt mal placé pour parler d’étrangeté. Et puis, de toute façon, la vie des vivants ne le concerne pas.

L’homme continue à aménager sa maison, à l’écart de tout et de tous. Il quitte la demeure une seule fois par semaine, le mardi matin, pour ne revenir que tard dans la nuit du mercredi. Il revient toujours avec des bricoles, du matériel, voire des meubles. Il part toujours le mardi, pour revenir dans la nuit, et ne semble pas avoir d’autre contacte avec la civilisation. Jamais de coup de téléphone, jamais de courrier. Pas de femme, pas d’enfant, pas d’ami. Il n’a aucun contact jusqu’à ce qu’un jour une voiture emprunte le chemin, qui mène jusqu’à la petite maison. La voiture s’arrête dans la cour. L’homme observe de sa fenêtre le conducteur qui sort du véhicule : un grand-père bedonnant, avec un petit chapeau sur la tête, et une canne bien abîmée à la main. Il regarde la maison, surpris, presque émerveillé de la transformation, jusqu’au moment où le maître des lieux, descendu au rez-de-chaussée, ouvre la porte et s’avance à la rencontre de son visiteur, qui se présente.

« Bonjour, je suis Monsieur Matignon, l’ancien maire de la commune. Je crois que vous êtes le nouveau propriétaire.

—En effet.

—Et bien, je viens ici, accomplir une promesse que j’ai faite il y a bien longtemps, à la femme qui habitait ces lieux. »

 

Il sort une enveloppe de sa poche et la tend à l’homme.

« Cette lettre vous est adressée. Elle voulait laisser un mot à la personne, qui reprendrait sa maison. Ne me demandez pas pourquoi, ni ce que cette lettre dit, je n’en sais rien. Je ne l’ai jamais ouverte. Je vois que vous avez encore du travail alors je vais vous laisser. Mais si vous avez le temps,  vous pourriez venir au prochain conseil municipal, pour nous permettre de faire connaissance avec notre nouveau voisin. Voilà je vous souhaite une bonne journée. »

Le vieil homme s’en va, laissant l’autre avec sa lettre.

Il regarde l’enveloppe et l’écriture bien calligraphiée.

 

                              « A l’intention de la personne,

                                      qui achètera la maison sur la colline. »

 

                Il rentre, ouvre l’enveloppe, en sort une lettre et la lit rapidement. Il est pris d’un rire qu’Octave ne sais interpréter et jette la lettre sur le buffet en lâchant :

                « Bande de vieux fous. »

                Puis il remonte à l’étage et reprend son travail.

                Octave, intrigué, s’approche du buffet et commence à lire la lettre.

               

                               « Madame, Monsieur,

         La maison, que vous avez acquise, fut une maison de bonheur et de joie, mais aussi un lieu de drames et de tristesse. Elle a vu passer toutes les couleurs de l’humeur et de l’âme humaine. Elle a vu les larmes et les rires de dizaines d’habitants. C’est une maison, vivante, gorgée d’émotions, si intenses qu’il m’a toujours paru les ressentir, pendant les soixante et quelques années où j’ai eu la chance, la joie et le privilège d’y vivre.

         Sachez, qu’en faisant l’acquisition de ce lieu, vous vous donnez pour obligation d’en respecter la mémoire.

         Il faut aussi que je vous mette en garde contre les peurs, qui pourraient s’emparer de vous.  La maison est hantée. Oh ! Ce n’est pas un méchant fantôme. Vous ne le verrez peut-être même pas, selon que vous êtes sensible ou pas aux esprits. Son nom est Octave. Il vous racontera lui-même son histoire s’il le souhaite. Octave fut le seul ami véritable que j’eu pendant de nombreuses années et le connaissant bien, je sais qu’il saura être votre ami, si vous le désirez et si vous le méritez.

         Je vous assure de mes sentiments chaleureux et vous souhaite beaucoup de bonheur, dans cette maison qui me fit l’honneur d’accueillir le mien, pendant  tant d’années.

                                                                                     B. R .

 

Octave, sourit de ses lèvres ectoplasmiques. Sa chère amie, avait pensé à lui, jusqu’au dernier moment. Il aimerait tant la revoir. Mais le temps ne doit pas être dévolu à la nostalgie.

 

***

 

                Enfin, la maison, est terminée. On est le mardi matin. L’homme, comme à son habitude, part. Octave vaque à ses occupations. Puis dans la nuit, il entend le moteur du véhicule. Il écoute. Et entend des voix. Celle de l’homme, et celle d’une femme.

                Hum ! C’est un être humain en fin de compte, pense le fantôme d’une humeur joyeuse.

                Sitôt rentré dans la maison, le couple commence ses ébats. Elle quitte sa veste en cuir, et il l’a tient dans ses bras, forts et puissants.

                Le fantôme décide de les laisser seuls. Il est de la vieille école. Il a beau ne plus être embarrassé par ces questions, il n’est pas non plus un voyeur.  Cependant, une chose l’intrigue. Le couple descend au sous-sol, alors que la chambre de l’homme se trouve à l’étage. Octave, comprend aussitôt, l’utilisation que l’homme va faire de la caméra.

                Assez peu glorieux, pense l’esprit.     

                Octave, entend la porte de la petite chambre se fermer, puis plus rien. Il s’assied dans un fauteuil dans le salon et attend. Pour lui, ça va durer jusqu’au matin. Mais, à sans grande surprise, l’Homme remonte à peine trois heures après. Il sort de la maison, va chercher une grosse caisse métallique dans sa caravane. Il rentre et retourne dans la chambre, dont il ferme à nouveau la porte. Puis vingt minutes après, il revient, traînant la caisse, apparemment plus lourde que lors du premier voyage. Il la charge dans sa voiture et part.

Octave, de plus en plus, intrigué regarde le véhicule partir par la fenêtre. Il lui vient un instant d’aller voir dans la petite chambre,  pour veiller sur le probable sommeil de la jeune femme, mais se ravise assez vite. Mort ou pas, il ne peut se permettre d’aller violer l’intimité d’une inconnue. Et pourtant, il aimerait pouvoir observer ce corps, qu’il imagine, attirant, tendrement dénudé.

Non !

Mais qu’est-ce qu’il a à perdre. Il est mort, personne ne le voit.

Va la voir. Vas la toucher, va traverser, sa tendre poitrine, de tes effluves ectoplasmiques.

Non ! Il n’a pas le droit. Ce qu’il a à perdre, c’est son amour propre.

 

                Ce qui le met d’accord avec lui-même, c’est le retour de l’homme. Ce dernier descend, sans prendre une seule précaution de discrétion. Au bout de quelques minutes, il remonte avec la caméra, la branche sur la télé et lance le film.

                Octave, le voit entrer dans la chambre avec la fille, qu’il fait s’allonger sur le lit. Octave sait ce qui va se passer.  Il détourne le regard, quand la fille commence à se déshabiller. Le fantôme, a connu ces étapes de la vie humaine, qui lui sont aujourd’hui refusées. Il préfère retourner au grenier pour patienter. Mais soudain, au milieu des sons de l’acte sexuel, il entend la voix de l’homme qui dit :

                « Crève salope. »

                Assez peu délicat, pense le fantôme.

                Mais l’homme le répète, aussi bien dans son fauteuil devant l’écran, que dans la vidéo elle-même. Une idée commence à germer. Il descend précipitamment au sous-sol, mais n’y trouve rien. Il remonte dans le salon, et trouve son homme, en train de se masturber, en gueulant « Je l’ai crevée ! » devant l’image du corps inerte de la jeune femme, les yeux exorbités, la bouche grande ouverte, les membres crispés. L’horreur absolue. S’il était encore fait de matière organique, Octave en gerberait. Il remonte à toute vitesse dans son grenier en répétant :

                « Non, c’est pas vrai. C’est pas possible. Non. Il a pas fait ça. »

                Octave est bouleversé.  Il ne conçoit pas qu’on puisse faire du mal comme ça à quelqu’un. Bon, il a déjà tué. Mais c’était la guerre, contre les prussiens, et pas des femmes.

                Soudain il pense : « Lui faire peur. » Il descend soudain comme un fou, sans réfléchir comme ça, impulsivement. Puis confronté à son absence de plan, se met à cogiter : Qu’est ce qui fait peur aux êtres humains ? Les faits inexpliqués, bien sur. Eteindre la télé. Impossible, il n’a jamais réussi à toucher un objet.

Alors, il faut lui apparaître. Oui ! C’est ça.

                Alors, Octave descend dans le salon comme un fou. Il se place face au tueur. Il essaie de prendre le visage le plus dur possible (à défaut du plus effrayant que l’on pourrait attendre d’un fantôme), et … et rien ne se passe. Le barge continue à regarder son film, sans voir le fantôme qui lui hurle d’arrêter ça.

                Octave insiste, mais son attention est attirée par du bruit en bas. Visiblement le monstre ne l’a pas entendu. Octave, encore une fois, descend dans la petite chambre, et voit la jeune femme dans le coin de la pièce derrière le lit. Nue, elle est accroupie sur elle-même, ses bras en position protectrice refermés autour de ses genoux. Elle se balance d’avant en arrière, le regard dans le vide, visiblement choquée. Octave entend sa respiration, saccadée, tremblante. Il s’approche, et  comprend enfin ce qu’elle est en entrevoyant, la marque noire et rouge pourpre au beau milieu de la poitrine. Elle est comme lui, sauf qu’elle ne le sait pas encore. Il s’approche, s’agenouille prêt d’elle, et tend son bras, pour poser sa main sur celle de la fille. Celle-ci frémit, se rétracte, et se recule encore plus contre le mur, comme pour y entrer, avec un plaintif gémissement, qui semble être un « non » suppliant.

                « N’aie pas peur. C’est terminé. Je ne te ferai pas de mal. Je vais m’occuper de toi. »

                Octave, finit par recueillir la fille, qui trouve refuge au sein de ses bras. 

 

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Commentaires :

pseudo : Dorian gray

Très bien écris