La nuit était douce et commençait à fraîchir dans ce jardin-oasis où nous nous étions retranchés du monde pour regarder notre amour bien en face.

Elle, perdait pied. Ne savait plus où son cœur l’entraînait malgré elle. Malgré son esprit rebelle qui continuait à dire non.

Moi, je souffrais de la voir ainsi tiraillée, écartelée, bringuebalée dans ce combat épuisant où elle espérait le secours de son corps en arbitrage.

Comment lui faire comprendre avec tact que les élans de sa peau contre la mienne expriment le souffle de son cœur renaissant contre sa volonté ?

Alors que ma main glisse, rassurante, entre ses cuisses tremblantes de désirs comme chaque fois, son regard encore sombre s’illumine tout à coup.
Elle vient de reconnaître ce crissement si particulier et que j’ignorais d’un vol de chauves-souris suivi de piaillements aigus qui s’interpellent en écho.

Un sourire lui vient. Elle tend l’oreille, non plus vers mes mots mais vers cet autre langage codé, gai, multiple, imprégné de ce printemps naissant.

As-tu entendu ? Ce sont des chauves-souris, dit-elle comme habitée.

Je m’abandonne à cette révélation inconnue.
Comme j’aime son attendrissement comparable à une naïveté d’enfant !

Moi, le citadin, plus coutumier du béton que des grands espaces, me sens aspiré par son émotion. Elle est de plus en plus avec moi tout en communiant avec cet essaim bruissant.

Légère, fragile, transparente, effilée, je la vois comme l’une d’elles, réceptive à ces ultra-sons réservés aux initiés.

Quelque chose se passe qui nous traverse.

Elle écoute. J’écoute. Elle sourit. Je la regarde, n’osant rien dire.

Je la prends dans mes bras. La couche sur le sofa.
Son souffle devient plus court sous mes caresses.
Les piaillements des noctules, des roussettes, des pipistrelles (que sais-je d’elles ?) poursuivent leur sarabande.

…..et, comme à l’unisson, blottie contre moi, elle m’offre son premier mot d’amour.