Les yeux grands ouverts, plongé dans l’obscurité qui règne dans ma chambre, je ne parviens pas à trouver le sommeil. Je veille depuis des heures, laissant mon esprit vagabonder dans l’univers de mon désarroi. Les regrets m’envahissent telles des eaux furibondes qui déborderaient par-dessus le barrage de mes soupirs. Je suis en train de rêver éveillé, un vil cauchemar dans lequel je revis ces moments pénibles où, moi, j’ai fait souffrir un être humain. Et les larmes coulent de mes yeux, ce torrent de peine qui dévaste tout sur son passage.
Je ne garde en mémoire que des images fugaces de tout ce qui s’est passé, ce terrible accident qui grava dans ta chair le sceau fatal de la souffrance perpétuelle. Tel un fanion dressé contre le vent furibond, ma voiture était un bolide qui fonçait dans le néant de la nuit. Que se passa-t-il réellement ? Je ne m’en souviens plus. Tout ce dont je puis me rappeler c’est cet amas de tôles compressées dont je pus m’extraire afin d’aller à toi, toi qui te trouvais coincé à l’intérieur de ton véhicule. Je te tins la main, je te parlai pour te rassurer, je patientai avec toi que les secours vinssent. La lumière jaunâtre de ma torche électrique illuminait ton visage et donnait à ton sang la couleur de la cornaline. Les pompiers et les ambulances arrivèrent enfin. Alors qu’on faisait tout pour te désincarcérer de ta voiture, on m’emmena dans le véhicule de la croix rouge qui démarra au quart de tour et m’emporta loin, si loin de toi.
Et je songe à la visite que je te fis, quelques jours plus tard, à l’hôpital. J’essayai de trouver le moyen de te soulager, mais de ma bouche ne sortit que des mots muets, ce silence pesant de la culpabilité qui me rongeait et me ronge encore. Durant ces quelques heures que je passai avec toi, je ne pus te dire ô combien je regrettais ce qui s’était passé. J’étais comme un ananas : dur et rigide à l’extérieur, mais tendre et liquide à l’intérieur. Oui, en moi saignait un sang noir, ce flot véhément d’affliction que je ressentais pour toi. J’eus tant voulu t’enlacer de mots doux, d’émois intenses qui eussent pu atténuer ton supplice physique. Mais je n’y parvins pas. Je te quittai en te souhaitant de te rétablir au plus vite, tout en sachant que demeureraient toujours en toi les stigmates de cet accident.
Au plus profond des ténèbres qui m’ont envahi, je ressens ce tourment puissant d’être responsable de ton état. Je te demande pardon…
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Commentaires :
pseudo : Mignardise 974
remords qui ronge à vie... texte vraiment touchant CDC
pseudo : Martina
c'est un texte émouvant ! CDC
pseudo : dees_d_amoure
très touchant....c'est facile de se culpabiliser même si parfois ça se trouve qu'on a rien fait ...ma foie c'est facile de pardonner aux autres mais difficile de se pardonnerai ça prend du temps beaucoup....merci d'avoir partager ce texte avec nous vraiment émouvant cdc cdc
pseudo : Iloa
Ce n'est pas facile de s'accorder le pardon, je sais... Bises.
pseudo : w
Un texte dont l'écriture date d'il y a plus d'un an. Mon analyse des choses a bien évolué depuis. Mais comme je tiens à mettre tous mes petits textes en ligne avant une semaine... celui-ci s'y trouve aussi.
pseudo : mel
terriblement émouvant... Continuez à nous faire partager vos écrits ce n'est qu'un plaisir
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