Il était une fois la Derbouka

L'écoute des sons de la derbouka, aux fines et innombrables subtilités, de tout temps me transporte dans une danse en intimité avec la terre. Elle fait vibrer mes sens. La mélodie de la derbouka est comme un baume qui se répand avec amour dans tout mon être. Mon corps se met irrésistiblement à bouger, dans un mouvement naturel, libre circulation d'énergie, plus aucun blocage.

J'ai envie de laisser mes mains aller librement sur la membrane de l'instrument ,fascinant, sans me soucier de performance. Juste dans l'instant, permettre à mes émotions d'émerger et de se réaliser dans une composition spontanée. Je me sens vivre, délice de la ronde des intuitions et sensations.

Faire confiance au corps. C'est l'intelligence du corps qui intègre le rythme, il ne s'agit pas d'une faculté de l'intellect. Je ferme instinctivement les yeux et mes mains guidées par la perception énergétique du rythme se synchronisent sans effort. Elles entrent dans une danse légère malgré la répétition de la phrase musicale. Le groupe est là, ses mains musiciennes jouent à l'unisson. La synergie des rythmes est époustouflante.

J'ouvre les yeux et je vois, je vois le bonheur d'être là. Je ne joue plus la phrase, je suis la phrase. Les sensations rythmiques me plongent dans une délectation sans frontière. Je ris et je dévore des yeux mes partenaires percussionistes, ils me soutiennent et je les porte, nous fusionnons. Je sens une vague de chaleur à l'intérieur de mon corps. L'onde de joie me traverse, elle parcourt mes cellules de vie, une à une et mon coeur est rempli d'amour.

J'ai créé le rythme avec mes mains, dans le respect du savoir ancestral de mon corps. J'ai ri ma joie intérieure pour la partager. Il est vrai que ce bonheur là ne se garde pour soi. Il est si fort qu'il se transmet à l'infini. Jamais il ne se tarit.