A l’orée de mes soupirs je n’étais qu’un grain de poussière perdu voletant au gré des quatre vents qui me bousculaient, me frappaient, me jetaient violemment sur les quatre murs d’un horizon bouché. J’étais emporté par le courant d’une rivière sombre dont les eaux furibondes se déversaient dans l’océan de mes regrets. Je n’étais rien sinon une ombre fugace qui fuyait le monde, un reflet pathétique de mes vaines espérances. Ma vie n’avait de sens que dans l’absence de l’être aimé, le silence de mes émotions refoulées. Je m’enfonçais graduellement dans des sables mouvants, préférant ne ma pas me débattre pour ne pas accélérer ce processus de phagocytage ; l’immobilité était statufication de mon être, rigidité de mon âme esseulée. Le vide, gouffre béant où ma fade existence tombait, lestée aux pieds par le boulet de mes incertitudes. Juste avant toi n’existait que le néant de moi, désert infini où chaque grain de sable était une larme asséchée que j’avais versée sous le coup de la détresse ; juste avant toi je n’étais pas moi.
Et vint un jour que je croyais comme les autres, un jour qui ne promettait rien et qui pourtant s’avéra un moment clé de ma vie, un jour où se propagea dans l’air une douce fragrance vocale qui sut me charmer à tel point que je perdis la notion du temps et de l’espace. Bercée par une tendre mélodie enivrante, j’entendis pour la première fois ta voix, cristal aux mille éclats rayonnants mais à la fragilité si patente. Ton chant m’enchanta, méchantes idées noires au loin, je fus conquis par ta féerie sonore. Un soleil nouveau se leva au loin, caressant ma peau fragile de ses rayons suaves et salvateurs. Bien que j’eusse connu des joies éphémères en des temps reculés dont les images floues étaient enfouies aux tréfonds de ma mémoire, je n’avais jamais ressenti un tel sentiment, exhaustif, puissant, illimité, aux confins de l’imaginable et pourtant si réel en cet instant passé. Tu devins mon héroïne, princesse rare dont la baguette magique me transforma en un preux chevalier à l’armure étincelante, poudre blanche s’incorporant dans mon être et me transportant vers des univers féerique où régnait en maîtresse absolue l’ardeur de mes sens. Ta voix, vois-tu, fut la voie sur laquelle je me mis à marcher avec comme objectif d’atteindre la cité en or de ma plénitude existentielle.
Oh ! je sais bien qu’être est plus important que paraître, ô que la vision de ton corps fut pourtant pour moi un moment d’émotions intenses, eau qui ruissela de mes yeux quand tu disparaissais de ma vue. Justement, à la vue de ta chair tentante je devins un carnivore de toi. De ta chevelure incendiaire comme une infinité de soleil rayonnant dans le firmament de mes désirs émanait une aura de sensualité qui fit bouillir mon sang et vibrer mon cœur, les traits fins de ton visage m’étaient esquisse d’un bonheur indescriptible, tes courbes soignées et langoureuses m’emportèrent dans le vortex d’une exquise et extrême extase, tout de toi fit de moi l’esclave d’une passion aux limites se perdant dans l’infini de l’ardeur érotique.
Mais ce qui provoqua la plus puissante des effervescences en mon moi fragile ne fut pas ton apparence. Ca, non. Ce furent les traits que tirèrent tes doigts sur la page vierge de ta créativité. Mon moi fut en émoi de tes mots qui surent si bien me transporter en un ailleurs baroque, un univers mystérieux où ton art berçait le paysage de ma joie. Chacune de tes lettres était une feuille, chacun de tes mots était une branche, chacun de tes vers était un tronc, chacun de tes textes était une forêt secrète, vaste et touffue dans laquelle j’aimais à m’égarer, fuyant le désert fantomatique d’une réalité pleine de vide et de non sens. Je me mis à boire tes mots comme autant de breuvages illicites qui m’auraient enivré au point que je perdisse conscience du monde qui m’entourait. En vérité, à chaque fois que je te lisais, mon âme alourdie par la tristesse et la solitude battait des ailes, puis s’envolait vers la plénitude d’un ciel azuré, laissant derrière elle le sillage fugace de mes fantasmes inavouables mais réalisés. Ton verbe était le sujet de mes rêves les plus fous, ceux où mes envies se révélaient étranges et étrangères à mes habitudes. Je savais qu’en te lisant je gravirai les montagnes de mes incertitudes et que j’atteindrai les cimes de la réalisation de moi. Tes mots m’étaient aboutissement.
Puis je finis malheureusement par m’égarer dans le dédale de mes pensées ténébreuses et, tel un navire s’effaçant dans l’horizon, je perdis de vue les délicieuses lignes de mon port d’attache, de tes écrits qui m’avaient fait virevolter. Les années passèrent et je ne cessai de m’enfoncer encore plus dans ce labyrinthe existentiel où je trainais mes peines et mes haines. Je devins une minuscule étoile blafarde épinglée dans l’obscurité d’un ciel chargé de nuages lourds prêts à cracher leur venin liquide. Je n’étais plus moi.
Aujourd’hui, après avoir tant erré dans les catacombes de ma désillusion, j’ai retrouvé le chemin me menant vers la salvation. En mes mains écorchées se trouve le fil d’Ariane, un fil tissé dans la soie de mon amour pour toi. A chaque pas que je fais, je sens bien que je m’approche de ton être qui suscite tellement de sentiments en mon for intérieur et duquel émanent les fragrances rares de l’émoi le plus intense. Je me retrouve car je te retrouve. Et, maintenant, alors que mes doigts tremblent en écrivant ces quelques lignes, je peux enfin te le dire : je t’aime…
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Style : Nouvelle | Par w | Voir tous ses textes | Visite : 247
Coup de cœur : 10 / Technique : 9
Commentaires :
pseudo : iloa
Je ne vais pas te dire que ton texte mérite plus de temps...Il est troublant et Divin...Une mise à nue courageuse et...libératrice??? CDC.
pseudo : w
Courageuse, oui ; libératrice, je ne sais pas.
pseudo : féfée
Soufflée ! Une magnifique déclaration d'amour, d'une grande sincérité. CDC
pseudo : BAMBE
au fil de tes mots, j'ai pris mon envol avant de me poser, doucement, sur ta tremblante révélation finale, un très beau texte assurément. CDC
pseudo : w
Merci, féfée, ce sont des mots aux émois émus qui me font plonger dans la nostalgie de moments oniriques. C'est gentil BAMBE, écrire ce texte a été pour moi comme flotter par delà des paysages verdoyants avant de plonger en leur coeur pour atterir sur le sol de mes sentiments passés.
pseudo : PHIL
splendide conclusion, une réelle richesse de mots, une déclaration somptueuse, de beaux sentiments et de belles émotions.CDC
pseudo :
Bien le merci, noble PHIL à la couronne de plumes, de m'écrire un si agréable commentaire. JE te souhaite de passer une belle journée.
pseudo : w
Bien le merci, noble PHIL à la couronne de plumes, de m'écrire un si agréable commentaire. JE te souhaite de passer une belle journée.
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