- Le salaud ! hurla-t-elle en colère.
- Quoi ?
- Il m’a proposé de sortir, d’aller un peu plus loin dans le cimetière, tu te rends compte ! Il sait que je suis mariée, et il insiste davantage !
- C’est dégoûtant ! intervint le père du gamin.
- Et toi, tu ne dis rien ?
- Que veux-tu que je te dise, l’homme propose, la femme dispose ! tout au fond de moi j’étais content pour deux raisons. La première était parce que Debbie tenait toujours à moi, et la seconde, peut-être tout aussi importante que la première, c’était parce que «Brushingmatuvu» venait de s’en ramasser une qu’il n’était pas prêt d’oublier.
- De la glace monsieur ?
- Oui, oui-oui, certainement ! la fille prit ma coupe et y déposa trois boules, trois énormes boules de glace.
PISTACHE ! j’ai en horreur la glace au goût pistache ! Je peux manger tous les parfums, mais pas pistache ! tout bouillonnait en moi, si je ne m’étais pas retenu, j’aurais envoyé le bol en l’air, je l’aurais jeté aux mille diables !
- J’peux avoir ta glace ? demanda poliment le gamin qui voyait très bien que je ne touchais pas à ma coupe.
- Oui, bien entendu !
- Tout le monde en piste pour une série de slow ! hurla le type à la sono.
- Tu m’invites ? proposa Debbie.
- Chérie, tu sais très bien que je danse mal !
- Allez, fais un effort !
- Bon, si tu y tiens !
- Pardon ! Pardon, excusez-moi ! Pardon, Pardon ! Pardon, excusez-moi ! Heu, pardon, vous ne voulez pas avancer un peu ? Pardon !
Nous dansâmes, comme aux premiers jours, comme deux amoureux.
Pas longtemps ! Lucy nous repéra bien vite et elle vint s’interposer entre nous deux.
A trois, nous continuâmes à danser, comme tous les autres couples, comme tout le monde, sauf que nous étions trois !
Finalement, Lucy renonça et préféra aller jouer une partie de Flippos, Debbie se colla dans mes bras et me susurra à l’oreille: -attends ce soir, ça sera ta fête ! je voulus l’embrasser, mais une nouvelle fois, les plombs sautèrent et la sono se tut...
- Pardon ! Pardon, excusez-moi ! Pardon, Pardon ! Pardon, excusez-moi ! Heu, pardon, vous ne voulez pas avancer un peu ? Pardon !
...
- Papa, je peux venir sur tes genoux ?
- Oui ma chérie ! Lucy était revenue près de nous, nous avions reçu une tasse de café tiède et tous les gens semblaient exténués.
- Dis donc, t’en as gagné des Flippos !
- Oui, j’ai eu beaucoup de chance ! Lucy avait installé trois hautes colonnes de Flippos sur la table. Un peu derrière moi, j’entendis un type dire à une gamine:- montre-la moi ! tu vas voir si elle ne va pas te les rendre !
- C’est elle ! hurlait une laide gosse en montrant Lucy du doigt.
- C’est elle qui a pris tous tes Flippos ?
- Ouîîî !
- Monsieur, je... c’était «Brushingmatuvu» !
- Oui ? vous désirez ?
- Ma petite soeur dit que, heu, enfin, non, c’est rien, excusez-moi, je, ... et toi, tu dois apprendre à savoir perdre, tu as perdu, c’est tout !
- J’le dirai à Papa et Maman !
- Ils diront que j’ai bien fait, c’est moi qui commande quand ils ne sont pas... «Brushingmatuvu» était reparti bien plus vite que ce qu’il n’était venu.
- Papa, on rentre ? Enfin ! Enfin, ça y était ! Je mourais de faim et d’ennui !
- Comme tu veux ma chérie !
A une vitesse folle, nous saluâmes tout le monde et nous quittâmes la salle.
...
- Chéri, ne roule pas si vite, nous ne sommes pas pressés !
- Ce n’est rien, imite Lucy et dors !
- Mais Ted, je ne t’ai jamais vu conduire aussi-
Debbie s’interrompit juste comme j’engageais l’Opel sur le parking d’un cinéma.
- Que ? que fais-tu ?
- T’inquiète, j’en ai pour une seconde. je sautai hors de la voiture et courus sur les gravillons.
Surprise, Debbie sortit et me rattrapa.
- Ted ? Ted ?
- Trois hamburgers, un paquet de frites, deux boulettes, une fricandelle, et trois pots de sauce: mayonnaise, ketchup et andalouse ! récitais-je d’une traite à la fille dans sa roulotte.
- Je suis désolée monsieur, je n’ai plus rien !
- Quoi ?
- Ted, tu as faim à ce point-là ?
- Vous n’avez plus rien ? même un petit quelque chose ?
- Non Monsieur, j’ai tout vendu !
En rage, je regagnai notre voiture où Lucy dormait toujours.
- Ted, attends si tu veux, il reste le sac que cousine Mary nous a donné !
- Le sac ?
- Les restes du buffet !
- Donne ! Donne vite, je meurs de faim.
Debbie se pencha à l’arrière et attrapa le sac.
- Qu’est-ce qu’il y a dedans ?
- Des salades ! Elle nous a mis toute la salade qui restait en cuisine, t’en veux une feuille ?
Cette fois, à bout de nerfs, je lui arrachai le sac des mains et l’envoyai en l’air par ma vitre abaissée. Bien loin de moi cette maudite salade aux limaces !
- Que ? Ted ?
- C’est rien, tu ne peux pas comprendre ! j’enfonçai l’accélérateur et bondis sur l’autoroute du retour.
- Ted ?
- Fiche-moi la paix !
- Ted ?
- Non, ce n’est pas le moment !
Debbie vérifia que Lucy dormait bien, puis elle défit sa ceinture de sécurité pour venir poser sa tête sur mes genoux, déjà, ses doigts attaquaient la braguette de mon pantalon.
- Non Debbie, pas là, pas maintenant, j’ai pas du tout envie !
- Ca va, monsieur a faim, monsieur râle, et bien qu’il râle !
...
Une demi heure plus tard, nous étions à la maison. Une seule idée m’obsédait, les restants de la pizza de ce midi ! Une belle demi-pizza dans le frigo !
D’une traite, j’entrai, ne pris même pas la peine d’allumer et fonçai tout droit sur le frigo.
Une pizza ! Mon royaume pour une pizza !
Rien, il n’y avait plus rien ! Le frigo était complètement vide !
- Oh mon Dieu Ted ! s’écria Debbie en allumant les spots.
Toute la maison avait été retournée, tous les tiroirs ouverts, la télévision avait disparu, le téléphone avait été arraché, le lecteur vidéo avait suivi sa soeur TV, tout, tous les objets de valeur avaient disparu.
Et en plus ils avaient vidé le frigo !
Nous nous mîmes à pleurer tous les deux et puis, entre deux sanglots, Debbie me lâcha d’un ton aigre:
- Je pensais que tu avais fermé la porte ?
FIN.
A présent, prenez deux aspirines et allez vous coucher, ces choses-là n’arrivent (en principe) qu’aux autres ! ...
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