Elle a fait comme si de rien n’était. Elle a supporté sans broncher, les absences, les mensonges. Elle a pardonné. Elle n’aurait pas dû. Avec lui c’est toujours pareil. Il y a comme des absences dans sa présence. Des mensonges dans chacun de ses mots. Il vient et repart comme la marrée. Seulement, lui, il n’est pas constant. Ce n’est pas, chaque jour, à la même heure. Non. C’est parfois, c’est jamais.

C’est indiscutable, il lui fait du mal. Comment ne le voit elle pas ? Mais elle le voit, elle le sait. Et elle ne fait rien, elle n’ose pas. Elle est tétanisée à l’idée de le perdre, alors que déjà il ne lui appartient pas. Il l’obsède. Pourtant, elle sait ce contrôler, elle ne parle pas de lui. Elle n’inonde pas son téléphone de messages. Mais il la fuit, pour parfois revenir la torturer, quand enfin elle arrive à l’abandonner. Quand enfin, elle peut reprendre goût à la vie et s’en passer.

Quel douloureux bonheur d’être dans ses bras. Penser déjà que ce n’est que passager. Fuguasse. Momentané. Douloureux en somme. Toujours. Tout est provisoire, incertain. Et elle voudrait pleurer pour ce libérer enfin. Mais elle ne sait pas comment faire. Comme si, pour je ne sais qu’elle raison, elle voulait souffrir. Peut-être que c’est ça, en réalité. Peut-être que c’est ce qu’elle mérite. La souffrance. Mais non, personne ne mérite ça.

Il revient la hanter, encore. Pourquoi ? Pourquoi fais-t-il ça. Pourquoi ? Lui-même ne le sait pas. Sans doute un besoin de compagnie, un besoin de se sentir important. Dans les yeux de cette fille. Qui dès qu’elle l’aperçoit, brillent d’un bonheur imparfait. Mais d’un bonheur quand même. Ou peut-être qu’il n’a que ça à donner. Peut-être qu’il donne déjà tout ce qu’il a.

Et alors c’est déjà beaucoup.