Le tissu câlin de ma chemise de nuit se frotte à ma peau nue. Les draps m'enveloppent et me bercent avec l'attendrissement d'une mère pour son enfant. Leur constante chaleur accueille mon corps en proie à des tremblements convulsifs et mon esprit lassé de son voile noir permanent. La couleur ciel de mon lit de coton me transporte dans le royaume des songes où je retrouve parmi l'angoisse, un bonheur fictif, mes rêves de gamine : ceux-là même qui sont si oppressés par la réalité qu'il me faut affronter au réveil. Dans le pays nocturne, le prince charmant est toujours illusion. Reste tout de même - quand même ! - celui qui fait battre férocement mon coeur, en secret.

La passion nous emporte loin des banalités. Nous sommes en parfaite osmose et resplendissants de joie, d'amour comme deux âmes soeurs réunies. Enfin ! La paix se fait maîtresse de notre relation. Tes yeux, pétillants, me dévorent de plaisir ... Je suis aux anges tout en cotoyant l'Enfer. Ton corps ne fait plus qu'un avec le mien... Tes caresses me font frémir d'une excitation féline... 

Tu t'éloignes brutalement. Je perds ton contact, indispensable à mon bien-être. Je tends la main vers toi. Ton image empreigné du douloureux parfum de l'amour qui décline, se fige et s'imprime dans ma mémoire. Soudain, le froid pénétrant de la solitude fouette mon cerveau d'illuminée. Mon regard vitreux, quasi-larmoyant, est transpercé par la lumière vive et orangée du soleil levant.

La torture du jour reprend ; la monotonie et les maux également.

Mignardise