- Brrr ! Brrr ! l’appareil bruissait inlassablement, tandis que Steeve clignait des yeux par saccades.
Ses joues empourprées tressautaient au rythme régulier et infernal de la machine.
- Mmmm ! ses râles jouissifs se mélangeaient aux bruits des trépidations rapides.
- Brrr ! Brrr ! c’est à cet instant précis que d’horribles douleurs commencèrent à se combiner au bien-être qui le submergeait.
La veille.
Dressée sur ses hauts talons, elle déambulait dans la rue en se déhanchant voluptueusement. Elle était tellement serrée dans son étroite et minijupe qui laissait presque voir ce qu’il y avait à cacher, qu’elle attirait le regard des hommes qui l'observaient avec envie et celui des femmes qui semblait plutôt réprobateurs.
Solange Rules n’était ni une pute ni une allumeuse, c’était une jeune femme de 24 ans, bouleversée, à jamais traumatisée par le drame qui avait détruit sa vie 11 mois auparavant.
Elle pénétra dans le bazar "Do-it-yourself", et s'adressa à un jeune employé, qui la déshabilla du regard.
- Je désire deux colliers de serrage, d’un diamètre adaptable de 1,5 à 6 centimètres, 4 équerres à visser et quatre "collessons" ! demanda-t-elle sans sourire, sur un ton austère.
L’homme la servit, et lorsqu'elle fit demi tour, il lui souhaita une bonne journée en suivant le roulement de ses fesses.
Solange était heureuse, elle venait d'accomplir la première phase de sa vengeance mûrement réfléchie ces 9 derniers mois.
Elle continua jusqu'à la quincaillerie deux rues plus loin et s’arrêta à la fenêtre du magasin. Les mains en entonnoir sur la vitrine, elle vit qu'il était là ! L’homme donnait quelques explications à un couple de vieilles personnes intéressées par un écran au plasma.
Elle entra s’avançant immédiatement vers le rayon des électroménagers. L’homme la suivit du regard, une flamme obsessionnelle dans la prunelle. Aussitôt, il délégua le couple de vieux aux soins de sa collègue et il s'approcha de Solange.
- Je peux vous aider mademoiselle ? demanda-t-il sur un ton faussement poli.
- Heu, oui, enfin, je ne sais pas encore, je dois réfléchir ! répondit-elle sans se retourner.
Elle fit mine de lire le dépliant d’un gros aspirateur rouge haut de gamme.
Cette fois, l'homme remarqua qu’elle portait des lunettes noires qui lui masquaient les yeux et la moitié du visage, parce que jusque là, il n’avait reluqué que ses magnifiques longues jambes bronzées !
- L'Aspiratorux Red ! C’est le dernier modèle, rendement maximum ! lâcha-t-il, tentant d’attirer l’attention de la fille.
- Oui, oui je vois. Quelle est la capacité du réservoir ? ajouta-t-elle en tapotant le bac récolteur.
- 5 litres. Vous avez plus grand, le modèle 100, qui fait 10 litres et puis le méga-modèle industriel, qui fait 30 litres continua-t-il sans remarquer que la femme le dévisageait de haut en bas, un pincement aux lèvres.
- Je cherche un aspirateur conventionnel avec lequel je puisse également nettoyer mes sols et entretenir les commodités, vous comprenez, j’habite seule et il m'arrive de devoir récurer le pallier, déboucher un évier ou la cuvette des WC, etc. Bref, je pense que ce modèle-là suffira largement ! trancha-t-elle en désignant l’Aspiratorux 050, tandis que l’homme avait souri toutes dents dehors lorsqu’elle lui avait adroitement glissé qu’elle vivait seule.
- Ce nouveau modèle est hyperpuissant, il fait 3.500 watts, cela devrait vous suffire. En plus d'une garantie de 12 mois, la livraison est gratuite, si vous le permettez je vous l'apporte personnellement demain matin… conclut-il, espérant que la fille accepte.
Sans mot dire, elle sortit son carnet de chèques et lui donna son adresse.
Sous le comptoir, une imperceptible bosse venait de prendre forme dans le pantalon du type qui s’épongea le front tellement il transpirait.
Solange disparût.
Pour la première fois, depuis des mois, elle était réellement heureuse.
…
- Et s’il tombait malade et qu’un commis venait à sa place ? Ecoute, ça suffit, il viendra, tu as vu ses yeux ? il viendra, c’est certain ! continua-t-elle de spéculer en tentant de trouver le sommeil. Elle finit par s’endormir et elle fit des cauchemars, comme toutes les nuits, comme depuis ce soir-là où elle était passée le long du quai, paisible et tranquille, comme cette fois-là où elle...
Elle dormit d’un sommeil agité et perturbé.
...
Dans sa tête, la voix autoritaire du Juge prononçant la sentence résonnait encore: - Six mois avec sursis !
Six ridicules petits mois, six mois pour toute une vie !
La sonnette tinta. Elle vérifia une dernière fois son décolleté profond et alla lui ouvrir, Mousen tira le "diable" qui portait la grosse boîte de carton contenant l’Aspiratorux et ses accessoires, et il débarqua le tout dans la cuisine de la jeune femme.
- Vous prendrez bien un verre de jus de fruits, je suppose ? demanda-t-elle aimablement en ouvrant déjà le frigo.
- Heu oui, bien entendu, merci.
L’homme avait coupé les sangles qui retenaient les pliants du carton et rapidement, il en sortit les accessoires pour gagner du temps. Ensuite elle prit place, face à lui, les jambes croisées à hauteur de son visage.
Mousen s'installa sur la chaise en face qu'il tenta de déplacer, mais qui refusa de bouger, étrangement, on avait fixé les pieds au sol à l'aide d'équerres métalliques. Ils trinquèrent. Il ne remarqua pas qu’au fond de son verre une légère trace de poudre rose formait un dépôt discret.
Cette poudre rose était en fait un résidu des pilules prescrites lorsque Solange était tombée en dépression, lorsqu’elle avait souffert d’insomnies et de troubles psychiques. Toute une plaquette de pilules, qu’elle avait broyées avec patience et méthode.
Elle avait eu cette idée géniale en lisant la posologie, à l’interligne 5, point deux, des effets non désirés: priapisme ! En plus de somnolences, l’absorption à trop forte dose de ces pilules provoquait le priapisme !
L’homme accepta un second verre, sa main droite avait rampé lentement vers la cuisse de la jeune fille.
- Sourire, ne pas oublier de lui sourire ! se ressassait-elle sans cesse.
Au troisième verre, alors que cette fois l'ignoble main était bel et bien sur sa cuisse, il tenta de l’embrasser.
D'un bond, elle se redressa. Sans rien dire, elle s’agenouilla entre les jambes de Mousen et elle entreprit de ses longs doigts aux ongles peints, de déboutonner ses jeans. Tandis que l’homme eut l'impression étrange que les murs de la pièce étaient devenus flous !
Incroyable, après trois verres de jus de fruits, il était saoul !
Tout s’était subitement mis à tourner, à tourner encore et comme formolé !
Et malgré ça une incroyable envie de baiser lui tiraillait le bas ventre !
Avec dégoût, elle constata qu’il avait une sérieuse érection.
Elle ôta son "boxer", défit les boutons de sa chemise, le poussa en avant pour complètement la lui ôter et elle lui attacha les poignets derrière le dos avec les "collessons".
Mousen était tellement stone et euphorique, qu’il se laissa encore entraver les chevilles aux pieds de la chaise.
- Qu’est-ce que tt.. tu tu fiches ? pouffa-t-il en mâchonnant ses mots tellement son esprit s’embuait.
Il s'endormit.
Elle patienta en veillant à ce que le priapisme se confirme au cours des heures qui suivirent et elle consulta le prospectus de montage de l’Aspiratorux.
...
Steeve Mousen rouvrit un œil.
Que s’était-il passé ? Ha oui, la fille, un superbe canon, l’avait ligoté et puis, plus rien ! Où était-elle ?
Il ouvrit complètement les yeux, cette fois, il remarqua le fouillis de tuyaux de caoutchouc qui jonchaient le sol et l'Aspiratorux branché à la prise de courant la plus proche. Le tuyau, qui d'un côté était monté sur l’embouchure de l’aspirateur, était … mon Dieu, quelle horreur ! l'autre extrémité du tuyau était fixée, à l’aide de deux colliers de serrage bien adaptés, sur son pénis en érection... Car il était toujours en érection, et même la peur virulente qui s’était soudain emparée de lui, ne le fit pas débander !
Le tuyau, l’Aspiratorux, que ?
- Priapisme ! Erection permanente et involontaire ! lâcha-t-elle d’une voix impitoyable.
Elle était là, juste à côté de lui, ses cheveux roux avaient laissé la place à une blondeur encore humide. Elle avait ôté ses lunettes noires et ses yeux verts crachaient toute la haine qu’elle éprouvait pour cet homme. La minijupe avait été troquée pour de vieux jeans.
Solange Rules, cette fille qu’un soir de beuverie l'année dernière il avait violée, s’était elle !
Jamais il n’aurait pu la reconnaître !
Il tenta d’ouvrir la bouche, mais il s’aperçut qu’il était solidement bâillonné, pas un son ne sortit de sa gorge affolée. Il avait beau essayer de remuer, ses bras restaient immobiles, emprisonnés par les sangles inextricables serrées au maximum.
Une série de bagages dans le hall d’entrée avaient été entassés. Elle lui fit au revoir d'un signe de la main, puis elle revint sur ses pas, elle avait oublié un détail, le détail le plus important peut-être !
Elle poussa sur le bouton "ON" de l’Aspiratorux.
L’appareil, réglé sur la fonction "débouchage" se mit à ronronner puisement, aspirant de tous ses 3.500 watts, pompant tant qu’il pouvait, suçant par à-coups. Les yeux exorbités de l’homme ne quittaient plus son pénis en érection, sur lequel le tuyau se comprimait. L’Aspiratorux le pompait, le suçait, le masturbait, ... le branlait !
- 5 litres mon gros salaud, six mois avec sursis auxquels je rajoute 5 litres !
Solange se retourna une dernière fois. - Et contente-toi heureux que je n’aie pas acheté le modèle industriel, le mégabranleur, celui qui pompe 30 litres ! ironisa-t-elle en claquant la porte.
Steeve éjacula une première fois en émettant une espèce de borborygmes de satisfaction mélangés à la peur et l'angoisse.
L’aiguille rouge du niveau de remplissage n'oscilla même pas.
Et l’aspirateur poursuivit la tâche pour laquelle il avait été conçu: aspirer, pomper, vider ...
- Brrr ! Brrr ! Brrr !...
Le cœur léger et l'esprit tranquille, Solange se mit à ricaner sournoisement sous le regard surpris et amusé du taximan qui, amusé, l'observait dans le rétroviseur ...
FIN.
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Style : Nouvelle | Par tehel | Voir tous ses textes | Visite : 347
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Commentaires :
pseudo : Karoloth
Extrêmement drôle ! Merci. CDC!!!
pseudo : lutece
...impitoyable puni par où il a péché!!!! CDC
pseudo : Iloa
Oui...mais finalement ta demoiselle jouit, pour la même chose qui la faisait souffrir...Désolée, je n'aime pas l'esprit de vengeance.
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