J’ai résisté. J’ai écorché mon cœur pour qu’il ne s’imprègne pas de ta peau. J’ai brûlé mes yeux à force de regarder les rayons de ton sourire, qui m’éblouissent encore. J’ai tout fait pour ne pas t’aimer de peur de trop souffrir. Et quand enfin tu as démoli le cadenas de mon cœur, au lieu de s’ouvrir doucement, il a implosé d’amour pour toi. J’ai des entailles sur la peau. Des bouts de cœur à la place des os. Plus de sang dans les veines, seulement des cendres de toi. Tu rougis encore ma voix des souvenirs d’un « nous », qui désormais disparaît comme le vent dans les arbres. Ca siffle doucement à mes tympans, jusqu’à devenir assourdissant.

Tu pars et reviens comme un carrousel qui tourne, tourne, à en donner le vertige. J’ai perdu mes rêves, envolés avec les oiseaux qui chantaient « la vie en rose » sur notre passage. J’ai perdu la vue à force d’inonder mes livres de gouttes de toi.

T’as oublié comment m’aimer, quand moi j’ai appris à le faire. T’as perdu la clef, peut-être t’ai-je laissé faire. Maintenant, je t’aime encore quand toi tu dis ne plus savoir pourquoi. J’ai laissé s’envoler les rires que j’avais dans la voix. Je veux de l’amour dans tes bras, je veux de l’amour avec toi. Pourtant il ne reste plus que moi. Et j’ai froid, si tu savais comme j’ai froid. Il y a de la neige dans tes baisers. Les tous derniers que tu m’as offert et de la pluie dans mon regard quand toi tu pars.

Regarde un peu ce que t’as fait. Je ne suis plus que peau et os, qu’amour et tristesse. J’ai pas fait le deuil de tes bras. Je veux encore de toi, je veux encore de « nous ». J’ai besoin de ce « nous », de ce « toi et moi » que tu clamais à haute voix.

J’ai beau usé mes cordes vocales, je n’arrive pas à crier pour te retenir. Je ne trouve pas les mots qui feront que tu reviendras. Peut-être qu'en réalité ce n’était pas toi, tu n’étais pas celui qu’il me fallait, puisque sans regrets tu pars loin de moi.

Peut-être que je m’en remettrais. J’ai mangé notre amour pour l’enfouir loin, loin. Au plus profond de mon ventre. Il tape encore parfois aux parois, mais j‘oublie peu à peu. J’oublie que je t’ai encore dans la peau, toi et rien que toi.