La musique flotte , flotte comme l'air , flotte comme un bateau sur l'eau. Je me vois coulée au fond d'un puit , je me vois me débattre dans les fonds obscurs de cette rivière gelée. Je suis comme un naufragé sans bouée , comme un voilier sans voile , comme un marin sans marinière. Je me réveille en sursaut , je manque d'air , j'étouffe , je me débats : contre qui au juste ? J'ouvre doucement mes paupières , je frotte fort mes yeux , je contemple la pièce , il n'y a personne , pas un bruit , chaque chose est à sa place , rien à bouger. Je prends mon visage entre mes mains , mes mains sanglantes , qu'ai je fais ? Je ne me rappelle pas , je ne me rappelle de rien : le trou noir , béant : le néant. Où suis je ? Je pousse la porte , je me retrouve pied nus dans l'herbe fleurie de marguerites. Le ciel est tout proche de mes cheveux , je le touche de mes mains , les nuages sont doux , aussi doux que de la soie , ils glissent sous mes doigts. Je suis seule , dans ce paradis , enfin tout est fini , je sens mon coeur rebattre , c'est si bon , c'est mieux que de la cocaïne , c'est mieux qu'une partie de jambe en l'air , c'est le goût de la liberté , la vie de l'infini. Je crois que la folie m'a emporté tout là haut , je tiens à lui dire : merci.