Cela aurait pu être une belle journée…Ce premier jour de printemps…

Elle aurait pu être une journée tout à fait ordinaire, ce premier jour de printemps

Et d’ailleurs, j’aurais tellement préféré quelle le fut

Vous savez, une journée d’une affligeante et consternante banalité !

Une journée comme toutes les autres, une journée comme d’habitude

Qui ressemble énormément à une autre journée, elle-même semblable à beaucoup d’autres…

Cette journée on l’aurait alors vite oubliée, puisqu’il ne s’y serait rien passé !...

Nous serions ainsi, et tout naturellement, passés dès le lendemain, à une autre journée !

Qui aurait peut-être, été identique à la précédente ? ... Qui sait ?!... Et quelle importance !…

Et puis, peu importe, car on en aurait vécu d’autres de ces journées comme celle-là !

Elles ne sont pas rares heureusement ces journées où il ne se passe rien

Du moins,

Rien d’inhabituel,

Rien d’anormal,

Rien ou pas grand-chose,

Rien ou bien si peu !...

Elle avait pourtant bien commencé cette journée, ce premier jour de printemps

Et cela aurait pu être une belle journée, oui, cela aurait pu, mais cela n’a pas été.

Elle avait cependant bien débuté cette journée, avec ces mains serrées

Ces visages salués, ces joues embrassées, et tous ces « salut, comment ça va ? »

 Et toutes ces personnes croisées ou aperçues, et qui ne savaient pas encore..

Qui ne se doutaient pas à cet instant que cette journée serait une sombre, une moche et une bien triste journée

Un douloureux et sombre premier jour de printemps…

Et toutes ces voix qui sans relâche continuaient de me souhaiter… Une bonne journée !…

Sans savoir, sans pressentir, sans se douter, mais moi, déjà, je savais…

Je pensais alors combien, tous, ils avaient de la chance

De pouvoir commencer, continuer puis finir…

Combien il était heureux pour chacun d’entre nous

De vivre tout simplement, cette journée jusqu’au bout…

Aujourd’hui, c’est bien sûr à elle que je pense

A celle, qui est partie et qui va nous manquer

Emportant avec elle, cette terrible journée…

Sa journée de souffrances avant qu’elles ne commencent !

A elle qui ne verra plus, au printemps qui s’annonce

L’éclat de ses journées, la couleur des bourgeons

C’est vers vous aujourd’hui, qu’humblement je m’avance

Pour qu’ensemble nous prions, pour elle à l’unissons

Ô Toi qui est là haut, Ô notre Père à tous

Ô toi qui va bientôt l’accueillir en ton sein

Ô toi je t’en supplie, cette âme belle et douce

C’est un peu de notre vie, à tous, qui te parvient

Mais comme au firmament d’une étoile dans le ciel

Dont la lumière nous touche bien après son trépas

Elle sera pour nous tous et pour tous ceux qu’elle aime

Une source intarissable de chaleur et de joie

Alors je me souviens de toutes ces journées d’avant

Nos moments d’intercours, tous ces petits instants

Alors je réentends, nos fou-rires et ses rires

Alors je ne sais plus, il y a tant à dire

Mais je souviendrai, toutes nos belles journées

Où certes, il ne se passait pas souvent grand-chose

Du moins,

Rien d’inhabituel,

Rien d’anormal,

Rien ou pas grand-chose,

Rien ou bien si peu !...

Cela aurait pu être une belle journée…

Ce premier jour de printemps…

Oui, cela aurait pu, mais cela n’a pas été.

Pour Isa,

Dans la vie, il y a des rencontres inoubliables parce qu’elles sont belles. Il y a longtemps, mais pas tant que ça, le hasard mit sur ma route un être exceptionnel qui était, et qui, par ses qualités humaines, demeurera toujours  « au dessus du commun ». Le vide qu’elle laisse aujourd’hui est à la mesure de notre chagrin : immense…

                                                                                                          Laurent GALLEPE